Mémo de vie : la plateforme digitale sécurisée pour documenter les violences

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« Dire aujourd’hui pour préserver demain ». Voilà le message de Mémo de vie, une plateforme digitale qui permet aux victimes de violences de se confier mais également de trouver de l’aide ou encore stocker de manière sécurisée des documents essentiels pour faire reconnaître les abus.

Mémo de vie : la plateforme digitale sécurisée pour documenter les violences

« Pour les victimes de violences, parler et faire valoir ses droits sont des choses qui prennent du temps. Et le temps des victimes est différent de celui de la justice ou des médecins », explique Olivia Mons, porte-parole de la Fédération France Victimes.

Aider à la prise de conscience

L’ambition de Mémo de vie, c’est de faire le lien entre ces temps. Rompre l’isolement, sans forcer la main, et favoriser une prise de conscience progressive. Cette web-app permet aux victimes de tenir un journal pour raconter ce qu’elles vivent, relater leurs expériences et les sentiments associés à chaque événement. Savoir que dans une situation donnée elles se sont senties en insécurité. 

 « Quand on crée un événement dans le journal on y associe un sentiment et chacun est associé à une couleur. Quand on est en danger, le marron foncé, puis rouge, orange, jaune, vert pour la sécurité. Sur le fil chronologique, avoir ces filets de couleur permet de favoriser la prise de conscience. La couleur dominante reflète la situation », précise Olivia Mons.

Une fois que cette prise de conscience a eu lieu, une bibliothèque de nombreuses ressources sont également disponibles, notamment le violentomètre, mais également les numéros d'aide et contacts utiles pour le passage de cette aide virtuelle à une plus concrète. 

Tout est pensé pour mettre la victime en sécurité

Mémo de vie a été créé et pensé pour une victime de violences conjugales, qui cohabite avec son bourreau. Il est donc impératif d’y associer un degré élevé de sécurité. « Si on se sent en sécurité, par exemple si l’on a été victime de cambriolage, on peut mettre un raccourci sur le téléphone pour y avoir accès rapidement.  En revanche, si on n’est pas en sécurité et que l’on subit des violences au travail, à la maison, ou encore à l’école, on peut y aller via le navigateur sans raccourci. On a fait en sorte que ce soit très sécurisé. Une barrière sécurité, permet une déconnexion automatique au bout de 3 min sans manipulation. Il est aussi possible de se déconnecter rapidement en un clic pour être redirigé vers une page web de sites généralistes », poursuit Olivia Mons.

« Quand on aura le budget suffisant, on mettra en place une Intelligence Artificielle qui recherchera certains mots pour pousser l’information d’aide. Par exemple si une personne renseigne 3 événements avec un sentiment de danger, mettre en place un pop-in pour inciter à parler à son médecin ou se tourner vers une association de proximité ».

Stocker ses documents

Mais l’intérêt de Mémo de vie, c’est aussi de pouvoir stocker tous les documents nécessaires dans un espace dématérialisé, centralisé et sécurisé. « On peut illustrer les événements que l’on relate avec des notes vocales, des photos, des vidéos, tous ces éléments sont conservés dans un espace de stockage sécurisé. Et on peut aussi y mettre des documents officiels, comme sa carte nationale d’identité, des certificats médicaux attestant de violences, un jugement de divorce, une attestation de scolarité... Tout cela permet de commencer à préparer son dossier en attendant que la personne soit prête à faire valoir ses droits ». Autre avantage, les documents peuvent être scannés directement dans l’application sans rester sur la galerie d’images du téléphone, pour plus de discrétion.

Un outil qui peut faciliter la communication médecin-patient

Parler de violences dans son cabinet avec ses patients et détecter les cas de maltraitance n’est pas toujours facile dans le temps imparti à chaque consultation et la mise en place de ce dialogue très personnel peut être compliqué. « Quand il y a un doute, le médecin peut orienter vers cet outil, cela peut aider et entamer le processus d’échange, ou peut-être que ça ne servira pas mais au moins il y a l’option. »

Mémo de vie permet également de partager si on le souhaite certains documents avec son médecin (ou autre professionnel). « Les professionnels n’ont pas accès à Mémo de vie mais l’utilisateur peut télécharger son journal et partager des éléments ou événements dans son espace de stockage. Cela peut par exemple permettre de montrer ce qu’on ressent si on n’arrive pas à l’expliquer ». Et ensuite ouvrir doucement ensemble, la voie vers la reconstruction.

 

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