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« Sanofi et CD&R sont entrés en négociations exclusives pour la cession et l’acquisition potentielles d'une participation de contrôle de 50% dans Opella », selon un communiqué du groupe français qui précise que l'offre de CD&R est « ferme et entièrement financée ».
La valorisation d'Opella est basée sur une valeur d'entreprise d'environ 16 milliards d'euros, souligne Sanofi, qui devrait rester « un actionnaire significatif ».
« On a atteint le plus haut niveau de garanties possible » dans les discussions entre Sanofi et le repreneur américain, ont précisé les cabinets des ministres de l'Économie et de l'Industrie, alors que « l'État, via Bpifrance, sera actionnaire pour y veiller ».
En effet, comme souhaité par Bercy, la banque publique d'investissement Bpifrance devrait participer en tant qu'actionnaire minoritaire « à hauteur d'environ 2% », précise Sanofi dans son communiqué.
« C'est la solution la plus efficace qui a été mise sur la table », ont estimé les ministères, l'exécutif s'étant montré très vigilant sur ce dossier sensible, dans un contexte de pénuries récurrentes de certains médicaments.
Vaccins, immunologie : des domaines plus rentables
L'État a ainsi obtenu « des garanties » sur l'emploi, la production, l'approvisionnement du marché français, la gouvernance et le développement de l'entreprise, soulignent ces sources ministérielles.
Le géant pharmaceutique franchit ainsi une nouvelle étape dans ce projet de séparation visant à lui permettre de se concentrer sur l'innovation dans l'immunologie, les maladies rares et les vaccins, des domaines plus rentables, mais où il aura besoin d'investir.
« Sanofi peut désormais se concentrer encore davantage sur les solutions innovantes à apporter aux patients qui souffrent de maladies invalidantes ou mortelles telles que le VRS (virus principal responsable de la bronchiolite), la BPCO (bronchite du fumeur) ou la sclérose en plaques », a déclaré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson cité dans le communiqué.
CD&R ambitionne de son côté « d’accélérer » la croissance d'Opella, qui détient 115 marques dans le monde et compte 11 000 collaborateurs dans environ 100 pays, et de « créer un champion français mondial de la santé grand public ».
Un décret envisagé pour bloquer la vente
Le projet de cette cession suscite une vive émotion au sein de l'opinion publique et de la classe politique parce qu'il concerne un médicament de base utilisé par un grand nombre de Français.
« Il faut bloquer la vente », a réclamé sur TF1 le député La France insoumise) Manuel Bompard. « C'est pas avec 1% de participation dans le capital que l'État aura quelque mot à dire sur les décisions stratégiques qui seront prises par le groupe ».
Il a notamment évoqué un décret qui permet de refuser que des secteurs stratégiques passent sous pavillon étranger.
« On craint que ça soit accompagné d'un plan social énorme. Ce fonds américain, c'est un spécialiste des plans sociaux. Je rappelle qu'il a repris les magasins But, Conforama et qu'il y a eu des milliers d'emplois supprimés », a renchéri la député LFI Clémence Guetté sur France Inter.
Pour le député Horizons et ancien ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux « le plus important c'est de se concentrer sur la production en France du principe actif » du Doliprane, le paracétamol.
Avec AFP