Les radiologues dénoncent « la fabrique du mensonge » du rapport IGAS

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Quelques semaines après les propos de l’exécutif qualifiant certains spécialistes de « rentiers », l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a publié un rapport sur l’imagerie médicale. Un texte vivement critiqué par l’Union française pour une médecine libre (UFMLS), qui y voit une justification artificielle de coupes budgétaires.

Les radiologues dénoncent « la fabrique du mensonge » du rapport IGAS

© Midjourney x What's up Doc

Une économie de 300 millions imposée

Selon l’UFMLS, le rapport IGAS « vient appuyer une économie de 300 millions d’euros, issue de pseudo-négociations sur l’imagerie », dans un contexte où la CNAM a déjà reçu mandat pour atteindre cet objectif. Pour le syndicat, le rapport ne vise qu’à légitimer un plan déjà acté : « La fabrique du mensonge. »

Le communiqué rappelle que l’imagerie, aux côtés de la biologie, fait partie des cibles privilégiées de l’État pour réduire les dépenses de santé. Mais ces coupes auraient des conséquences directes : « La qualité de l’offre de soins se dégrade (machines low-cost, hyperproductivité…), les structures passent aux mains des financiers. »

Un revirement jugé incompréhensible

Le syndicat pointe une contradiction flagrante : il y a quelques mois, l’Assurance maladie avait elle-même revalorisé les forfaits techniques en imagerie pour compenser la prise en charge des produits de contraste par les radiologues. Aujourd’hui, elle stigmatise à nouveau le secteur pour son supposé excès de rentabilité.

« Quelques mois plus tard, la CNAM et l’État communiquent sur l’hyper rentabilité des structures qu’ils viennent tout juste de revaloriser pour les raisons inverses… Comment justifier cela ? » interroge le texte.

Trois « mensonges » pointés

L’UFMLS dénonce trois « contre-vérités » majeures contenues dans le rapport :

  • La rentabilité des machines : « Je défie les auteurs du rapport de démontrer que les forfaits techniques suffisent à rentabiliser un scanner. » La baisse annoncée de 11 % menacerait selon le syndicat les structures libérales, les GIE publics/privés et les cabinets déjà endettés pour financer leurs équipements.
  • La stigmatisation du secteur 2 : l’IGAS propose d’exclure les futurs radiologues du secteur à honoraires libres, au nom de l’accès aux soins. Pour l’UFMLS, c’est un leurre : « Le secteur 2 est la seule soupape qui permettrait aux radiologues de sécuriser leurs investissements face à l’instabilité générée par cette politique de rabot. »
  • L’intelligence artificielle : le rapport avance que l’IA rendra de nombreux actes obsolètes, justifiant une baisse des rémunérations. Une position jugée caricaturale par le syndicat : « L’IA n’est pas une substitution, mais un outil puissant. Elle élève les compétences des radiologues et nécessite des investissements majeurs. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/medecine-sans-filtre-special-radiologie-les-radiologues-cest-ceux-qui-boivent-des-cafes-et

Le spectre d’un effondrement

En conclusion, l’UFMLS met en garde contre les conséquences d’une telle stratégie : « La fabrique du mensonge : voilà l’unique levier que la CNAM semble avoir trouvé pour justifier les coupes budgétaires en imagerie médicale. »

Et le communiqué de prévenir : « Lorsqu’une discipline devient à ce point essentielle à la médecine moderne, ce n’est pas en dévalorisant ses actes qu’on prépare l’avenir — bien au contraire. (…) Si l’État poursuit cette trajectoire, l’effondrement du système sera inévitable. »


Mise à jour du 26 août 2025 – Le CSMF aussi monte au créneau

La CSMF (Confédération des Syndicats Médicaux Français), qui représente une large palette de médecins libéraux généralistes et spécialistes, dénonce également dans un CP, paru aujourd'hui, les recommandations du rapport IGAS‑IGF. Selon elle, les baisses tarifaires proposées sont « arbitraires », sans lien avec une évaluation rigoureuse de la pertinence médicale. La CSMF réclame, à l’image d’autres syndicats, une approche basée sur la pertinence des actes, plutôt que sur des coupes linéaires, et appelle la CNAM à revoir ses propositions en vue du prochain groupe de travail dédié au financement de l’imagerie.

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