Les psychiatres au bord du burn-out

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Les psychiatres au bord du burn-out

Le Syndicat des psychiatres d’exercice public s’inquiète de l’épuisement dans la profession, qu’il impute à des conditions d’exercice de plus en plus difficiles. Il demande plus de moyens, notamment pour la pédopsychiatrie, mais aussi des réformes des lois régissant l’exercice.

Restrictions budgétaires, manque de personnel médical et paramédical, conditions d’accueil souvent déplorables… L’état de la psychiatrie en France ferait s’interroger Lucien Bonnafé sur le degré de civilisation de notre société. Et les patients ne sont pas les seuls concernés par toutes ces difficultés. Elles rejaillissent aussi sur l’état mental du personnel.

À la suite de son assemblée générale, le Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP) a tiré la sonnette d’alarme en s’inquiétant publiquement « du grand nombre de situations d’épuisement professionnel consécutives à la dégradation des conditions d’exercice ».

Accueil glacial à Rennes

Certains n’hésitent pas à faire entendre leur mal-être professionnel. Le personnel du centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes en est désormais à sa quatrième semaine de grève. Il proteste, encore une fois, contre la dégradation de ses conditions de travail, et d’accueil des patients.

Le manque de personnel nuit au maintien des soins en toute sécurité, estime le Syndicat Sud-Santé. Les patients sont accueillis sur des chaises pendant des heures, la température des chambres est tellement basse que même quatre couvertures ne suffisent pas à se réchauffer, dénonce-t-il encore. « On subit de plein fouet les politiques d’austérité. Et au-delà de l’épuisement professionnel des agents, c’est la qualité des soins qui est attaquée », analyse Jacques Mény, représentant du syndicat dans l’hôpital.

2 millions de patients

« Il faut sauver la psychiatrie publique de l’étranglement », demande le Dr Michel Triantafyllou, président du SPEP, interrogé par What’s up Doc. « La vétusté de certains établissements est préoccupante, 20 % des postes hospitaliers sont vacants, et la pédopsychiatrie est totalement sinistrée », explique-t-il. En 20 ans, le nombre de lits d’hospitalisation a fortement diminué, alors que le nombre de patients est en augmentation constante. « Il atteint désormais les 2 millions de personnes, ambulatoire compris », précise le Dr Triantafyllou. « Mais le développement de l’ambulatoire n’est pas satisfaisant, et nous devons répondre à un nombre croissant de missions. La situation est de plus en plus tendue ».

Sans compter la polémique de l’année : les psychiatres doivent-ils gérer la radicalisation politico-religieuse des jeunes ? Le ministre de l’Intérieur l’avait demandé cet été, avant d’être rappelé à l’ordre par Agnès Buzyn. La santé mentale est un « sujet majeur », assure-t-on d’ailleurs du côté du ministère de la Santé. Même si, dans le PLFSS 2018, rien n’est prévu pour soutenir les psychiatres.

Les psys prêts au combat ?

Mais le président du SPEP se veut confiant, avant une série de réunions au ministère, prévues pour le mois de décembre. « A priori, Agnès Buzyn a une approche positive de nos difficultés, mais de nombreuses promesses ont déjà été faites par le passé, sans suite. Il faut attendre que cela se concrétise ».

Comme à Rennes, beaucoup d’hôpitaux sont en ébullition, confie-t-il. « Avant de penser à la grève, on espère que la concertation sera productive ». Si pour l’instant, aucun mot d’ordre n’est transmis, le Dr Triantafyllou assure que le syndicat reste très vigilant.

Crédits photo : Tuned_in/Thinkstock

Source:

Jonathan Herchkovitch

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