
© Midjourney x What's up Doc
88% des professionnels de santé utilisent les outils numériques dans leur pratique médicale quotidienne, dont 70% plusieurs fois par jour, et 93% d’entre eux y voient un impact positif sur la qualité des soins. Ce sont en tout cas les conclusions du baromètre national sur l’usage et la perception des outils numériques par les professionnels de santé, publié fin janvier par la plateforme médicale PulseLife (ex-360 medics).
Parmi tous les types d’outils, les plateformes d’aide à la décision (pour 50% des répondants) et de formation médicale (44%) sont cités comme les plus utilisées, selon cette enquête menée auprès de 760 professionnels de santé de la communauté de PulseLife, dont 54% de médecins, 22% d’infirmiers et d’IPA et 24% des autres professions de santé.
« Voir que la plupart des soignants utilisent le numérique quotidiennement, ce n’est pas une grande surprise », a réagi auprès de What’s up Doc le Dr Grégoire Pigné, oncologue et fondateur de PulseLife. « Là où il y a quand même une alerte à avoir, c’est pourquoi ce n’est que 88% et pas la totalité », au regard de l’émergence et de la pluralité des outils numériques ? questionne-t-il.
19% des soignants ont par ailleurs répondu se servir d’« autres » outils. « C’est par exemple les solutions d’IA générative » qui prennent de plus en plus d’ampleur ces dernières années dans la e-santé, détaille l’oncologue.
Manque de temps et problèmes techniques parmi les freins
Selon le questionnaire, les professionnels de santé tirent des outils numériques des avantages concrets, comme une meilleure efficacité dans la prise en charge (64%), un gain de temps (55%) et une meilleur précision diagnostique (48%).
Ainsi, une adoption massive à l’échelle du système de soins pourrait permettre une prise en charge encore plus efficace (pour 73% des répondants), un meilleur suivi des patients (59%) ainsi qu'une meilleure coordination entre équipes pluridisciplinaires (59%).
Pourtant, malgré ce recours massif au numérique, certains obstacles à un usage optimal des outils demeurent. Parmi eux, 42% des professionnels mentionnent des problèmes techniques et de compatibilité. Ce qui pourrait être réglé, selon Grégoire Pigné, par une meilleure « interopérabilité » des logiciels. « Quand vous ouvrez cinq logiciels, avec cinq identifiants différents, et qu’ils font de choses différentes sans communiquer entre eux, c’est d’office moins motivant », explique-t-il.
Mais connecter les outils « ne réglera pas le problème principal », à savoir le manque de temps (48% des répondants) et de ressources (33%) pour se former, ainsi que les coûts « trop importants » des solutions (32%).
« La rentabilité des entreprises de soins que sont les établissements de santé ou les pharmacies n’est pas assez importante pour que les professionnels puissent investir correctement dans ces outils » financièrement comme matériellement, détaille Grégoire Pigné.
Mieux intégrer les patients au numérique
« Là où c’est intéressant en revanche, c’est qu’il n’y a pas de barrière de confiance dans les outils numériques chez les professionnels de santé », reprend-il.
Car au vu des réponses, les patients sont moins nombreux que leurs soignants à se servir du numérique, notamment en raison d’une crainte sur la sécurité des données (48%) et d’un manque de confiance dans ces outils (39%).
Ainsi, la moitié (51%) des professionnels de santé estiment que leurs patients sont peu ou pas intéressés par ces solutions, même si certains outils suscitent toutefois leur intérêt, comme les plateformes de téléconsultation (59%) ou les outils d’éducation thérapeutique (55%).
Même s’il ne s’agit que de la « perception » qu’en ont les professionnels de santé – les patients n’étant pas inclus dans le questionnaire – cet écart d’utilisation n’en demeure pas moins explicable pour Grégoire Pigné, qui met cela sur le compte d’une patientèle en moyenne plus âgée, donc moins à l’aise avec les nouvelles technologies.
Pourtant, selon les professionnels interrogés, ce succès relatif du numérique chez les patients traduit toutefois des bénéficies concrets pour eux, comme un meilleur suivi de leur état de santé (67%), une meilleure compréhension de leurs pathologies (63%), ou encore une communication renforcée avec leurs équipes médicales (53%).
Co-fondée en 2014 par le Dr Grégoire Pigné, oncologue à Saint-Étienne (Loire), PulseLife (anciennement 360 medics) revendique plus de 800 000 utilisateurs en France et en Espagne, dont la moitié de médecins. Dotée d’un moteur de recherche intégré et d’une bibliothèque d’applications médicales, la plateforme utilise notamment l’intelligence artificielle pour répondre aux questions des utilisateurs.