Les jeunes psychiatres enflamment le Congrès de l’Encéphale

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Battle royale

Les jeunes psychiatres enflamment le Congrès de l’Encéphale

Lors du Congrès de l’Encéphale qui se tient du 24 au 26 janvier à Paris, les étudiants et internes en psychiatrie se sont affrontés au cours d’une battle endiablée. Reportage.

A quelques minutes de la « grande battle », les jeunes psychiatres s’échauffent. La température grimpe dans la salle 241 du Palais des Congrès, où flottent la lueur rose des spots et la musique d’Harry Potter. Les étudiants et internes arborent un t-shirt blanc « I love Encéphale », du nom du congrès dont la 16e édition se tient à Paris. Les places sont prises d’assaut : une vingtaine de personnes resteront bloquées à la porte de la salle comble. Les bières aussi, sont prises d’assaut. Et là, on se dit que cette battle peut prendre une drôle de direction.

Mais c’est avec beaucoup de sérieux que la session démarre. Yves Sarfati, « le grand manitou » de la psychiatrie et de la psychanalyse, prend la parole à l’estrade pour une brève intervention sur les strates de l’inconscient et de la mémoire au service de l’interprétation consciente. En bons novices de la psychiatrie, nous voilà déjà perdus dans les méandres de la spé'. Mais après quelques minutes et beaucoup de formules compliquées, la star de la soirée fait son entrée. Plus « mainstream », plus accessible aux cerveaux des néophytes : c’est Michel Cymes, le présentateur préféré des Français. « J’ai reçu un mail me demandant d’animer le concours. Bon, je n’ai rien compris, mais je suis là ! »

Hypnose pédagogique

Compliqués, les jeunes psychiatres ? Le déroulé du concours, fait de manches, de sous-manches, de sélections et de sous-sélections, le laisse supposer. Mais avant d’entrer dans le dur, les organisateurs ont tout de même prévu une petite respiration. Elle est animée par Jean-Philippe Rossy, hypnothérapeute, qui entame une séance d’envoûtement collectif. Deux personnes en font les frais : la première s’écroule subitement dans les bras de Morphée. La seconde, rendue raide comme un bâton par la force de l’esprit, se fait briser une grosse brique sur le ventre à coup de marteau géant. Le jeune homme sort indemne de cette épreuve narco-maçonnique et quitte son état hypnotique, l’air tout étonné.

Petite confusion entre hypnose thérapeutique, véritable arme de soin, et hypnose-show qui attire toujours plus les masses ? Justement, Jean-Philippe Rossy veut s’arrêter là. Il aurait « pu donner froid ou chaud » à sa victime, « lui faire oublier un prénom », bref, jouer à l’infini avec son esprit, mais là n’est pas son objectif, explique-t-il. Lui veut faire connaître sa discipline : l’hypnose appliquée au bien-être et à la cognition. Il œuvre dans les entreprises pour réduire le stress des employés et améliorer leurs capacités d’apprentissage. Il délivre des formations d’anglais, par exemple. « L’hypnose est un outil puissant pour faciliter la concentration et l’assimilation des connaissances ». Ce qui n’est pas sans intérêt pour des étudiants menés à ingurgiter des montagnes de savoir. Imaginez… un coup d’hypnose et hop ! L’œuvre de Freud en tête. Ça laisse songeur.

Jonathan, Doliprane et Chewbaka

Mais on n’en est pas là - pas encore. Pour l’instant, les jeunes psy doivent mobiliser leurs connaissances durement acquises pour s’affronter au quizz qui démarre pour de bon. « Quel signe clinique ne fait pas partie du syndrome de discordance schizophrénique ? » ; « Quel est le premier neuroleptique qui a été découvert ? A-haloperidol B-Olanzapine C-Chlorpromazine D-Zuclopenthixol » ? Michel Cymes lit les questions et réclame un Doliprane. De notre côté, on jubile lors des questions-réflexe : « Qu’est-ce qui est jaune et qui attend ? » (Jonathan !)

Avec acharnement et humour, les six concurrents s’affrontent pendant une heure. Le concours porte les couleurs de Star Wars et chaque joueur est représenté par un personnage de la trilogie. Est-ce la migraine de Michel Cymes ou son emploi du temps chargé, en tout cas, la battle s’achève sur cette manche et c’est Anis (Chewbaka) qui triomphe. L’interne remporte un iPad et un magazine de What’s up Doc dédicacé par la ministre de la Santé. Sur la couverture, Agnès Buzyn a inscrit ces mots : « Pour le meilleur interne de la Galaxie ! » 

Source:

Marion Guérin

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