Ce lundi, les directeurs généraux des CHU ont annoncé une amélioration de leurs résultats financiers pour l’année 2016. Malheureusement, ces chiffres s’accompagnent d’une diminution des investissements.
Sortez le champagne ! En un an, le déficit budgétaire des 32 CHU de France a été divisé par deux. Il est ainsi passé de 209 millions d’euros en 2015 à 95 millions d’euros en 2016. C’est une bonne nouvelle pour les CHU puisque le déficit ne représente désormais que 0,3 % du volume de leurs recettes. En effet, en 2016, ces hôpitaux publics ont engrangé près de 30 milliards d’euros. En d’autres termes, les CHU sont quasiment à l’équilibre. Mais est-ce suffisant pour mettre du beurre dans les épinards ?
« Ces résultats tordent le cou aux idées reçues qui décrivent des hôpitaux mal gérés et constamment en déficit », se réjouit Jean-Pierre Dewitte, président de la conférence des directeurs généraux des CHU de France. « C’était vrai dans le passé, mais aujourd’hui nous ne générons plus de déficit cumulatif pour l’Assurance Maladie. » Le président espère que ces chiffres faciliteront à l’avenir les emprunts de ces établissements.
Merci l'ambulatoire
Comment les CHU ont-ils réussi cette prouesse ? Premier point : la suppression de lits d’hospitalisation complète de chirurgie grâce au déploiement du tout ambulatoire. « Le virage ambulatoire génère des économies à condition d’atteindre un volume supérieur à 50 % », précise toutefois Jean-Pierre Dewitte. Défi accompli pour les services d’ophtalmologie et d’urologie dont l’activité est passée respectivement à 80 et à 70 % d’ambulatoire en moyenne.
Les CHU ont également bénéficié d’une hausse d’activité de 4 %. « Le recours au plateau technique est une revendication forte de la population », estime le directeur. « Cette forte activité est d’autant plus présente dans les services d'Urgences où cinq millions de Français se sont rendus l’année dernière », ajoute-t-il.
La conférence des directeurs généraux de CHU précise aussi que leurs hôpitaux ont respecté l’ONDAM hospitalier et qu’ils ont maîtrisé l’évolution de leur masse salariale à +1,7 %. Le tout, malgré un contexte de contrainte financière renforcée. « Les pouvoirs publics ont imposés aux hôpitaux un plan d’économie d’un milliard d’euros dans le cadre d’un plan triennal », rappelle Jean-Pierre Dewitte.
L’investissement en berne
Mais derrière cette diminution du déficit se cache une réalité plus complexe. « En 2016, pour la 4ème année consécutive, nos dépenses d’investissement ont baissé. Nous avons perdu 7 % de notre capacité à investir », regrette le président. « L’autre élément qui nous inquiète est la stagnation des effectifs. Nous demandons beaucoup d’efforts aux personnels ».
Pour la suite, Jean-Pierre Dewitte s’interroge. « Réussirons-nous à maintenir le volume salarial nécessaire malgré les charges qui pèsent sur les hôpitaux et les baisses de tarifs prévues pour 2017 ? » La demande des directeurs généraux est claire : « Les pouvoirs publics ont mis environ 700 millions d’euros de côté pour l’ensemble des CHU, il est temps de réinvestir cette somme », estime Jean-Pierre Dewitte. Redonner une souplesse dans les budgets hospitaliers permettrait, selon lui, d’embaucher davantage de personnels soignants et de relancer l’investissement dans la télémédecine, l’intérêt général et les équipements hospitaliers.
« Les CHU ont respecté l’ONDAM, mais attention, cela risque de ne pas durer avec des contraintes aussi élevées », prédit le président.
Source:
Im`ene Hamchiche