Les anesth-réa en ordre de bataille

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La réforme du troisième cycle fait des remous

Les anesth-réa en ordre de bataille

La parution de l’arrêté qui fixe le nombre d’internes pour la rentrée prochaine a déclenché la colère des anesthésistes-réanimateurs. En cause : le nombre d’internes en médecine intensive-réanimation, trop élevé à leur goût. Une menace pèserait d’après eux sur la profession.

Les anesthésistes-réanimateurs sont en colère. La raison de leur courroux ? L’arrêté fixant le nombre d’internes du DES d’anesthésie-réanimation/médecine intensive-réanimation (Désarmir) pour l’année 2017-2018, paru fin décembre au journal officiel. En prévoyant la création de 97 postes de médecine intensive-réanimation (MIR), celui-ci mettrait d’après eux en danger l’avenir de la profession.

Petit rappel : dans le cadre de la réforme du troisième cycle, un certain nombre de Desc ont été supprimés et transformés en DES. Le DES anesthésie-réanimation/médecine intensive-réanimation est quant à lui l’un des trois co-DES (diplôme menant à deux ou trois spécialités partageant un certain nombre d’éléments de formation) prévus dans la réforme. Il regroupe, la première année seulement, les internes d’anesthésie-réanimation et ceux de MIR.

Un ratio MIR/AR déséquilibré

Alors, où est le problème ? « Il y a une inadéquation majeure entre le nombre de poste de MIR fixé par le ministère et le besoin d’effectif actuel », explique Vincent Bruckert, porte-parole du syndicat des jeunes anesth-réa (Snjar). « Chaque année, il y a seulement dix nouveaux inscrits au conseil de l’Ordre en réanimation médicale sur toute la France. » Il compare le nombre de postes en MIR aux effectifs de l’actuel Desc de réanimation médicale. « Les postes proposés sont neuf fois plus importants que ce qui existe actuellement sur toute la France, et les MIR auront un exercice exclusif en réanimation », avertit-il.

Selon le Snjar, du fait de cette concurrence sur la réanimation, les anesth-réa ne pourront plus, dès l’année prochaine se former en service de réanimation. À moyen-terme, ils seraient cantonnés à la seule fonction d’anesthésiste. Pour eux, les MIR occuperont définitivement les postes en réanimation, à la fois au cours de leur formation mais également dans leur exercice. « Or la réanimation est indissociable de notre spécialité », indique Vincent Bruckert. « Nous ne voulons pas perdre cette transversalité qui fait l’attrait de notre métier et la qualité de notre formation. »

A cela s’ajoute, selon lui, une répartition inadéquate des postes MIR. « Le ratio MIR/AR est déséquilibré dans certaines villes : certaines présentent un ratio d’1 MIR pour 22 AR, alors qu'il y en a d’autres où il est de 1 pour 2 », s’inquiète le jeune anesthésiste-réanimateur. « Cela dénote une répartition hasardeuse loin de toute réflexion de santé publique. » Les représentants du Snjar précisent toutefois qu’ils ne remettent pas en cause toute la réforme, mais uniquement le nombre de MIR.

Collaboration plutôt que scission

Face à l’ampleur des contestations, le Pr Benoît Schlemmer, en charge de la réforme du troisième cycle, s’étonne et plaide l’apaisement. « Aucun débouché n’est menacé », assure-t-il. Il rappelle que l’effectif des anesth-réa est maintenu (459 postes d’internes pour 2017-2018, contre 460 en 2016-2017) et que la transversalité de leur formation n’est nullement remise en cause. « Les internes en anesthésie-réanimation continueront à être formés dans l’optique d’assurer l’ensemble des activités péri-opératoires, y compris la réanimation, en lien étroit avec toutes les activités chirurgicales », explique l’ancien doyen.

Benoît Schlemmer prône la collaboration entre les spécialités. « Les progrès médicaux nécessitent une prise en charge médicale de plus en plus complexe et partagée », estime-t-il. « Il est important de considérer que des profils différents peuvent être associés dans l’intérêt des patients, particulièrement dans les unités médico-chirurgicales. » Il souhaite d’ailleurs rassurer le Snjar en précisant que des aménagements seront possibles en fonction des besoins, et rappelle qu’au final, la régulation revient aux pouvoirs publics. Pas sûr que cela suffise à apaiser les tensions : les syndicats d’anesthésistes appellent à la mobilisation générale s’ils ne sont pas entendus.

Source:

Im`ene Hamchiche

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