Le syndicalisme, ce n’est pas que les manifs

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Défendre les internes en mode 2.0

Le syndicalisme, ce n’est pas que les manifs

Géraldine Poenou, présidente du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), a une certaine idée du syndicalisme. Elle présente à What’s up Doc le projet « Ipse » : du combat, de la lutte contre le burnout… mais aussi de l’opéra et des complémentaires santé.


What’s up Doc. En quoi consiste la nouvelle manière d’envisager le syndicalisme que vous défendez au SIHP ?

Géraldine Poenou. Le SIHP est traditionnellement connu pour être le bras armé des internes. Ceux-ci savent qu’ils peuvent nous appeler quand ils se trouvent dans des situations complexes, que ce soit des difficultés rencontrées dans leur stage, des problèmes administratifs ou simplement un besoin d’information. Mais nous voulons nous attaquer à l’origine du mal-être des internes, et non pas uniquement à ses symptômes.

WUD. Comment vous y prenez-vous ?

GP. L’année dernière, nous avons participé à l’enquête de l’Ordre sur la santé des jeunes médecins, et cela a fait mûrir notre réflexion sur la façon d’améliorer au quotidien les conditions de vie des internes. C’est ce qui nous a menés à élaborer le projet « Ipse ». Cela veut dire « Information, prévention, soutien des étudiants du troisième cycle », mais ipse, c’est aussi « soi-même » en latin. L’idée, c’est que les internes viennent en aide aux internes.

WUD. Quelles sont les actions concrètes que vous menez dans le cadre de ce projet ?

GP. Nous avons mis en place, depuis longtemps, SOS SIHP : une structure d’appui aux personnes en burnout grâce à laquelle les internes peuvent joindre quelqu’un pour toute situation d’urgence. Nous avons réussi, avec un partenaire, à ajouter à ce service la prise en charge totale des soins qui suivent la situation de détresse. Nous avons également développé une complémentaire santé avec des tarifs préférentiels, parce que nous savons que les internes s’occupent très mal d’eux-mêmes.

WUD. Quelles sont les autres actions du projet Ipse ?

GP. Nous organisons par exemple, en partenariat avec l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France, les « soirées libérales ». Nous avons remarqué que les internes en fin de cursus pouvaient être timides à l’idée de sauter le grand pas vers la médecine de ville, car ils sont peu confrontés à ce milieu lors de leur internat. L’objectif est donc d’organiser des rencontres trans-générationnelles interactives entre internes et médecins installés, dans la tradition du compagnonnage.

WUD. Y a-t-il d’autres aspects ?

GP. Oui, nous avons un volet pédagogique et culturel. Les internes n’ayant pas assez de temps pour leurs loisirs, nous organisons des jeux-concours. Là, par exemple, nous offrons des places pour La Flûte enchantée à l’opéra. Nous constatons également que les internes de chirurgie peinent à se libérer sur les heures ouvrées pour leur formation. C’est pourquoi nous mettons également en place des ateliers, encadrés par des enseignants à l’École de chirurgie de Paris, qui devront voir le jour début mars.

WUD. N’avez-vous pas peur que votre action devienne plus associative que syndicale ?

GP. Nous restons une structure syndicale qui mène des combats durs. Nous sommes également attachés à nos rôles de représentation, notamment lors des différentes commissions auxquelles nous participons avec les tutelles. Mais au-delà, nous voulons nous occuper des internes au quotidien. Nous ne voulons pas attendre qu’on vienne nous chercher.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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