Le Sénat douche les espoirs des médecins « privés de thèse »

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Mais le combat continue

Le Sénat douche les espoirs des médecins « privés de thèse »

Les généralistes qui ne peuvent exercer faute d’avoir passé leur thèse dans le délai prévu par la loi espéraient un coup de pouce du gouvernement. Mais le Sénat a bloqué lundi un amendement qui aurait permis des avancées sur le sujet. Les « privés de thèse » ne baissent pas les bras pour autant.

 

Les « privés de thèse » devront encore patienter. Ces généralistes, qui ont vu leur autorisation d’exercice annulée car ils n’avaient pas pu passer leur thèse à temps, espéraient que leur situation allait être prochainement régularisée grâce à un amendement gouvernemental à la loi « Montagne », actuellement en discussion au Palais du Luxembourg. Les sénateurs en ont décidé autrement, et ont rejeté lundi la proposition ministérielle.

Petit retour en arrière pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents. En 2004, le décret qui a créé les ECN a par la même occasion supprimé le statut de résident, qui permettait d’accéder au troisième cycle des études médicales sans passer par le concours de l’internat. Ceux qui exerçaient sous ce statut avaient jusqu’à la fin de l’année universitaire 2011-2012 pour valider leur cursus et soutenir leur thèse.

Ces gens qui n’existent plus

« Il y a eu quelque part un défaut d’information », explique le Dr Émilie Frelat, présidente du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG). Du coup, certains résidents n’ont pas fait le nécessaire pour passer leur thèse, et se sont retrouvés en 2012 sans autorisation d’exercer. « Ce sont des gens qui n’existent plus, qui n’ont plus de statut, qu’on ne peut pas réintroduire dans le système », déplore la syndicaliste.

En ajoutant à ces anciens résidents les internes qui n’ont pas respecté la limite de trois ans maximum entre l’obtention du DES de médecine générale et le passage de la thèse (limite instaurée en 2013), le SNJMG a recensé une quarantaine de « privés de thèse ». Un chiffre légèrement sous-estimé, estime Émilie Frelat.

« Une avancée spectaculaire »

Depuis 2013, le SNJMG et d’autres organisations se mobilisent sur la question. « Cela fait trois ans que tout le monde nous disait qu’il n’y avait aucune solution », explique la présidente. « Et puis, il y a quelques semaines, la ministre nous a annoncé qu’elle allait essayer d’en trouver une : c’est une avancée spectaculaire ! »

La première tentative gouvernementale pour faire avancer le dossier avait peu de chances d’aboutir : il s’agissait de dispositions ajoutées à une loi qui vise à moderniser, développer et protéger les territoires de montagne… Pas étonnant que la commission des Lois du Sénat ait jugé en début de semaine que le problème des « privés de thèse » n’était que très indirectement relié à cette problématique.

« Ce refus n’est pas inquiétant si la ministre tient sa promesse de trouver une solution, et si elle agit par décret avant la fin du quinquennat », estime Émilie Frelat. La militante est confiante : elle juge que le gouvernement ne peut pas se permettre de se priver du concours des « privés de thèse » en ces temps de désertification médicale. « Ce ne sont pas 40 à 50 médecins de plus qui vont changer la donne », reconnaît-elle, « mais ce serait tout de même du gâchis de se passer de leurs services. »

Source:

Adrien Renaud

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