L’activité de remplacement en France concerne essentiellement les jeunes médecins et les médecins en fin de carrière. Pour environ 70 %, elle s’exerce en médecine générale. Le reste se répartit majoritairement sur 3 spécialités : radiodiagnostic, anesthésie-réanimation et pédiatrie.
Le remplacement n’est pas un phénomène nouveau. Depuis qu’il est autorisé, il a toujours été pratiqué. Son évolution est marquée aujourd’hui par un allongement de sa durée.
Contrairement aux idées reçues, je pense que les jeunes médecins sont tout aussi intéressés par leur métier que leurs aînés. Le remplacement leur permet de s’approprier un univers libéral devenu plus complexe. Il constitue l’une des meilleures façons d’appréhender notre exercice. Le remplacement est, en somme, un prérequis à l’engagement libéral.
Pour autant, cet exercice n’est pas exempt de toute contrainte ! Il permet, au moins, de limiter la charge entrepreneuriale du libéral qui rebute souvent par méconnaissance. Le fait est que les études ne préparent pas à ce volet de notre exercice. Bon ou mauvais, la seule façon d’apprendre est de se confronter au métier directement en se lançant ou progressivement en allant remplacer.
L’Ordre des médecins porte la conviction forte qu’une formation préalable est nécessaire à l’exercice de notre métier, alliant apprentissage de gestion d’entreprise, maîtrise des tâches administratives et assimilation des apports et devoirs institutionnels. Les mondes universitaires et professionnels doivent s’affranchir de leurs frontières et mieux s’interpénétrer pour garantir aux jeunes une connaissance plus complète de leur futur cadre d’exercice.
La France a la particularité d’autoriser des internes en médecine non diplômés à pratiquer des remplacements. De nombreuses pressions européennes fortes tentent d’interdire cette opportunité pour homogénéiser les règles d’exercice. L’Ordre prendra toujours part à ce débat avec deux règles de conduite : l’intérêt des patients et l’intérêt des jeunes générations.
Il me paraît primordial de tous considérer, jeunes et installés, que le remplacement est une chance qu’il convient de préserver cette opportunité en l'état.
La plénitude de notre exercice repose sur l’installation, où qu’elle soit : cabinet, centre hospitalier…
Le remplacement ne se substituera jamais à l’installation. Mais bien sûr, les parcours professionnels évoluent.
Il est capital que la profession s’organise et sache écouter les jeunes en considérant leur vision de leur initiation professionnelle, tout en garantissant l’intérêt et la sécurité des patients dont nous avons, tous, la responsabilité.