Le Point tire sur l’ambulance

Article Article

Le classement qui fâche

Le Point tire sur l’ambulance

Cette année, l’hebdomadaire Le Point a agrémenté son éternel palmarès des hôpitaux d’un petit nouveau : le classement des Samus. Les Perpignanais savent désormais qu’il leur faut partir à Auxerre pour toute velléité d’AVC.

On adore ça, les classements. Ne faites pas les innocents, les médecins sans doute encore plus que les autres ! Comme tous les ans, Le Point sort son palmarès des hôpitaux et cliniques. Peu de changements : les CHU de Toulouse et Bordeaux échangent leur place sur le podium des établissements publics, et Lille est toujours 3e…

La vraie nouveauté, cette année, réside dans un classement des Samus de France, motivé par l’affaire Naomi Musenga, et qui repose sur les données de la Statistique annuelle des établissements de santé (SAE). Il consacre Auxerre, Alençon et Verdun, et pointe du doigt les services de Guadeloupe et de Paris pour leurs faibles taux bruts d’appels décrochés en 2016 (respectivement 42,7 et 49,8 %).

Pas au niveau

Derrière le classement, les journalistes du Point mettent en lumière une désorganisation du système. Sur la France entière, ce sont ainsi 4,6 millions d’appels qui n’ont pas abouti, sur les 29,2 millions répartis sur 101 centres. Rien qu’à l’AP-HP, 250 000 coups de fils se sont perdus, et 50 000 à Pontoise.

Seuls 84 % des appels aboutissent donc. Un chiffre en nette baisse si l’on considère ceux pris en charge dans la minute (36 %), comme promis. « Tout cela est lié à une énorme désorganisation des Samus », analyse François Malye, l’un des journalistes qui ont mené l’enquête. Il note que les moyens techniques et humains n’ont pas été mis à niveau, et qu’une grande hétérogénéité règne entre les Samus, indépendamment de leur taille.

On n’est pas venus ici pour souffrir, okay ?

Et ça passe mal du côté des urgentistes, qui se sentent visés. « On est en train de chercher les mauvais coupables et ça, c’est insupportable », s’est indigné mercredi sur France Info le Dr Patrick Goldstein, chef du pôle de l'urgence et du Samu du Nord au CHU de Lille. Alors que le décès de Naomi Musenga est encore dans les têtes des médecins et du grand public, ce doigt pointé vers les services semble désigner les régulateurs.

Le problème, ce n’est pas le personnel en place. « Dans mon service, c'est +110% d'activité en huit ans. On a doublé l’activité », explique-t-il. « Nous avons pu bénéficier d'un renfort humain mais qui n'est pas à la hauteur. Aujourd'hui, ce qu'il nous faut inventer c'est le parcours de soins de demain. La solution est aux ressources humaines et aux nouvelles technologies ». Il rejoint ainsi finalement l’analyse de François Malye.

Qui Perpi gagne

Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) en rajoute une couche ce jeudi, sur France Inter. « Ce sont 80% des centres d’appels qui ne respectent pas les normes. C’est catastrophique ! Tout appel doit bénéficier d’un décroché dans les 30 secondes », s’emporte-t-il, mettant en cause les restrictions budgétaires et le « discours lénifiant » d’Agnès Buzyn qui, en plus de ne rien faire concrètement, « ment honteusement » sur l’état des urgences cet été, pendant la canicule.

Absent du classement du Point, le palmarès de la bonne excuse consacre quant à lui l’hôpital de Perpignan, où le Samu décroche un peu plus d’une fois sur deux. « Sur le palmarès des Samu, il y a beaucoup de résultats anormaux », justifie son directeur, Vincent Rouvet, dans un communiqué. « Pour le Samu 66, les chiffres transmis à la SAE en 2016, ne sont pas du tout fiables, car nous avons eu des dysfonctionnements importants dans le logiciel de gestion des appels et beaucoup d'appels traités n'ont pas été comptabilisés ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

Les gros dossiers

+ De gros dossiers