Le doyen Jean Sibilia dans la tourmente

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Les internes remontés

Le doyen Jean Sibilia dans la tourmente

Interrogé dans les colonnes de What’s up Doc le 1er février dernier, le nouveau président de la Conférence des doyens des facultés de médecine de France a minimisé l’impact de l’hôpital sur les suicides des internes. Une réponse qui ne plaît pas, mais pas du tout, à l’Intersyndicale nationale des internes (Isni).

« Les étudiants ont des idées noires et des difficultés mais je ne suis pas certain du tout que ce soit spécifique aux étudiants en médecine ». Dans un entretien accordé à What’s up Doc, Jean Sibilia, élu fin janvier à la tête de la Conférence des doyens des facs de médecine, a réagi sur les suicides d’internes qui ont mobilisé la communauté médicale ces dernières semaines. Avec un ton bien trop léger, semblent estimer les syndicats d’internes.

L’Isni n’a en effet pas tardé à répondre, par communiqué de presse. « Les internes s’alarment des propos du nouveau président de la conférence des doyens », explique-t-elle, qualifiant les propos de « déni de la réalité ».

L’intersyndicale rappelle notamment qu’entre janvier 2017 et janvier 2018, dix internes se sont donnés la mort.

Anxieux, déprimés, idées suicidaires

L’Isni est engagée dans la lutte contre les risques psychosociaux. En 2017, elle a publié les résultats d’une grande enquête sur la santé mentale des jeunes médecins. Avec des résultats inquiétants : plus des deux tiers d'entre eux souffrent d’anxiété, 27,7 % seraient en dépression, et 23,7 % auraient des idées suicidaires, dont près de 6 % dans le mois précédant l’enquête.

Ce sont « 2 à 5 fois plus d’idées suicidaires que la population générale », avec un « taux d’anxiété 4 fois supérieur et un taux de dépression 2 fois supérieur », rappelle l’Isni.

Welcome, Jean Sibilia

Les propos de Jean Sibilia « interpellent d’autant plus qu’ils sont tenus par un professeur et doyen censé se préoccuper de la santé des futurs médecins. Nous pensions avoir insufflé une prise de conscience collective, il semble que ce ne soit pas encore le cas », regrette l’intersyndicale.

Elle cite notamment le président qui met en parallèle la continuité des soins et le « coût humain, qu’il faut réguler le mieux possible ». Un postulat duquel se désolidarisent les internes.

« Il est primordial et urgent que l’omerta sur les risques psychosociaux menant au suicide de nos co-internes soit levée, et que cette ouverture soit d’abord menée par nos enseignants et dirigeants qui ont la responsabilité de notre bien-être ». Ou le président des doyens, par exemple ! Moins d’une semaine après sa nomination, l’Isni lui souhaite donc la bienvenue.

Yanis Merad, président de l’Association Nationale des Étudiants en Médecine de France (Anemf), se joint au combat. Dans un tweet, il juge « inacceptable de nier le mal-être des étudiants en santé ». D’autres, plus anonymes, s’associent pour condamner le déni, « voire le mépris de notre souffrance mentale ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

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