© Le Parcours / AFU
Depuis plusieurs années, les signaux d’alerte se multiplient sur l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires (HU). L’Académie nationale de médecine constatait dès 2021 une perte d’engagement préoccupante, avec 139 PU-PH et MCU-PH démissionnés entre 2018 et 2021, un chiffre inédit qui illustre la fracture entre les attentes des praticiens et la réalité quotidienne.
La Revue du praticien enfonçait le clou en décrivant une carrière devenue « dégradée, fragile et peu lisible », où le triptyque soins-enseignement-recherche repose sur des équipes déjà sous tension, sans reconnaissance proportionnée. À cela s’ajoutent des perspectives d’évolution jugées incertaines, des statuts complexes et une rémunération insuffisante au regard des responsabilités cumulées.
Dans de nombreuses spécialités, le phénomène se traduit concrètement par un manque de candidats. Certaines disciplines très techniques — dont la biologie médicale ou les activités de transplantation — signalent déjà des difficultés majeures de renouvellement, comme l’ont souligné différents retours professionnels diffusés par des sociétés savantes ces dernières années.
Un enjeu majeur pour la recherche et la formation
Cette crise de vocation n’est pas seulement un problème de ressources humaines : elle menace le cœur même des missions des CHU. La diminution du nombre de chefs de clinique, le vieillissement des PU-PH et les départs non remplacés fragilisent la recherche clinique, ralentissent les innovations et compromettent la formation de la future génération de médecins.
Pour les internes, la voie hospitalo-universitaire apparaît trop souvent comme une trajectoire obscure, exigeante et incertaine, alors même qu’elle est indispensable pour maintenir une médecine de haut niveau, structurée autour de l’enseignement et de la recherche.
L’initiative du CNU d’urologie avec l’AFU : redonner envie, clarifier les parcours
C’est dans ce contexte que le CNU de la spécialité urologie a choisi de lancer Le Parcours une série de vidéos inspirantes, destinée aux internes, assistants et jeunes praticiens intéressés — ou hésitants — vis-à-vis de la carrière HU, dont le premier épisode a été révélé ce matin à l’occasion du congrès de l’AFU, et désormais visible sur le site de l’AFU / Urofrance.
Objectif : expliquer concrètement les missions, les attentes, les atouts et les défis d’une carrière hospitalo-universitaire, en donnant la parole à celles et ceux qui l’exercent déjà.
Un message volontairement positif, mais sans occulter les défis
Si le CNU d’urologie veut montrer la richesse d’une carrière HU, il ne s’agit pas de nier les difficultés.
L’Académie de médecine plaide depuis plusieurs années pour une réforme du statut HU, afin d’assurer une carrière plus lisible, mieux soutenue et plus attractive. La Revue du praticien insiste sur la nécessité de revoir les repères de carrière, la rémunération, les charges administratives et la valorisation de la recherche.
Parallèlement, de nombreux cliniciens souhaitent une meilleure articulation entre les services hospitaliers et les laboratoires de recherche, un renforcement des effectifs pour réduire la charge, et une reconnaissance accrue des missions universitaires.
La série du CNU d’urologie entend donc jouer un rôle complémentaire : encourager, donner des repères, transmettre l’esprit universitaire…
L’initiative pourrait faire école. Car au-delà de l’urologie, c’est tout le modèle hospitalo-universitaire français qui doit redevenir lisible et désirable auprès des jeunes générations.
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