L’ANJO en grève pour que les ophtalmos ne perdent pas de vue le dépistage

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Le PLFSS passe mal. Le Dr Ludovic LE, président de l’Association Nationale des Jeunes Ophtalmologistes (ANJO), nous explique les mesures qui leur posent problème. 

L’ANJO en grève pour que les ophtalmos ne perdent pas de vue le dépistage

Une pétition, des boycotts de lieux de stages, des courriers aux ARS, aux députés et un préavis de grève bientôt déposé pour le 22 octobre. L’ANJO passe à l’attaque. Dans leur viseur, deux alinéas de l’ex-article 42, nouvellement article 40 du PLFSS, dont l'Association résume la problématique dans sa pétition :

  • « Les orthoptistes auront le droit de prescrire des lunettes et des lentilles en accès direct, même si vous n’avez jamais vu de médecin des yeux.
  • Concernant le dépistage des maladies de l’œil, il est lui aussi délégué aux orthoptistes dès le plus jeune âge avec l’examen de vos enfants sans médecin mais aussi chez vos parents et grands-parents avant l’entrée en Ehpad là encore sans médecin ».

« Pourtant, 10 à 15% de pathologies sont découvertes lors du passage chez l’ophtalmologiste pour des personnes asymptomatiques. D’où l’importance de faire un dépistage, supprimer cette étape, ce serait comme supprimer le contrôle technique d’une voiture », s’insurge Ludovic LE. «  C'est comme si on demandait à un manipulateur radio d’analyser les images, c'est le radiologue qui le fait. Cette situation va mettre l’orthoptiste en difficulté, il n'a pas été formé à la prescritpion de lentilles.»

« Les rôles de l’ophtalmo et de l’orthoptiste sont complémentaires. Actuellement, en Europe, nous avons le meilleur dépistage du glaucome. Si on retire ce passage obligé on risque de passer du premier au dernier. Et sur le long terme, les dépenses de santé vont augmenter, avec à la clé, une perte d’autonomie pour le patient et une diminution de sa qualité de vie », ajoute Ludovic LE. 

Ces mesures sont justifiées comme une manière de raccourcir les délais de rendez-vous bien trop longs. Une affirmation que déboute Ludovic LE. « Cet argument se base sur une étude de la Drees de 2018, qui se base sur chiffres de 2016-2017, donc les délais évoqués sont obsolètes et éloignés de la réalité du terrain. Une étude de septembre 2021 montre que les délais ont baissé de 60%. On est à 26 jours d'attente en moyenne nationale pour obtenir un rendez-vous. Il faut arriver à 15 jours pour être fluides, donc il y a encore à faire mais on est passé de 42 jours à 26 en deux ans. C’est étonnant de planifier l’avenir de la filière visuelle de 2022 en se basant sur des chiffres d’il y a 5 ans », poursuit Ludovic LE.

Pour l'ANJO, ces mesures sonnent la crainte de voir arriver des patients avec des pathologies plus avancées. Mais ces derniers y voient également « une négation des compétences. On a fait 12 ans d'études pour cela ». Contre cela, l’ANJO réclame :

  • Le « retrait total de cette loi non justifiée » pour préserver la qualité actuelle de dépistage des patients ;
  • Avoir des centres de santé accrédités par le Conseil de l’Ordre avec un ophtalmo responsable dans chaque centre ;
  • « Que le gouvernement nous écoute et nous aide, pour créer des cabinets secondaires dans les zones sous-dotées pour écourter les délais ».

Le préavis de grève va être posé pour le 22 octobre de concert avec l'ISNI et le SNOF. « Un gros sitting est prévu le 22 octobre en demandant à tous les ophtalmos de France se retrouver devant le ministère de la Santé. On va demander à être reçu pour échanger avec le ministre », précise Ludovic LE. Un mouvement est ensuite prévu jusqu’au 31. Et s’ils ne sont pas entendus, les ophtalmos sont bien décidés à le reconduire.

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