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« Il faut rendre le système plus lisible pour que les étudiants, les familles et parfois aussi les enseignants aient plus de facilité à se l’approprier », insiste la doyenne de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, élue en mars présidente de la conférence nationale.
Mais il « faut essayer de le faire changer progressivement, en se donnant le temps de la réflexion », explique-t-elle.
« Très honnêtement, les facs de médecine, les universités », déjà très mises à l’épreuve par les récentes réformes des différents cycles de santé, « ne peuvent pas assumer une nouvelle réforme profonde de l’entrée en étude de santé », selon elle.
« Une concertation nationale est indispensable », observe la représentante des doyens, qui rappelle qu’entre 2019 et 2023, le nombre d’étudiants en deuxième année de médecine « a augmenté de 18 % » et a atteint en 2024 11 500 élèves.
Attirer des profils différents, et assurer ses arrières
La réforme de 2019 voulait notamment attirer de nouveaux profils dans les études de médecine en créant des Licences d'accès santé (LAS), en parallèle de la traditionnelle « première année de médecine », rénovée et rebaptisée PASS (parcours d'accès spécifique santé).
Ces LAS permettent aux étudiants qui le souhaitent de candidater au bout de un, deux ou trois ans à la deuxième année de médecine (ou pharmacie, odontologie, maïeutique), tout en étudiant simultanément une majeure différente, comme la biologie, mais aussi le droit, la psychologie, l’économie, voire les langues anciennes.
Elles permettent aux étudiants d’avoir une autre corde à leur arc, en cas d’échec dans l’accès aux études de santé.
Elles servent aussi de voie de redoublement obligatoire pour les étudiants de PASS qui n’ont pas réussi le concours de médecine dès la première année.
Mais la liberté laissée aux universités pour appliquer le modèle a conduit à un développement hétérogène sur le territoire, créant un système « complexe et difficilement lisible » pour les étudiants et leurs familles, selon un rapport très critique en décembre de la Cour des comptes.
Un potentiel « modèle unique »
Le gouvernement est en train de lancer les concertations pour aboutir à une réforme, « si possible à la rentrée 2026 », selon le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste.
Pour Isabelle Laffont, les doyens de médecine sont plutôt favorables dans l’ensemble à la création d’un « modèle unique » pour la première année d’étude de santé. Celui-ci reposerait « sur une grosse partie » d’enseignement santé, « une grosse partie » d’enseignement disciplinaire autre, et une troisième partie d’enseignements transversaux (langues, méthodologie…).
Quelles que soient les décisions qui seront prises, la présidente des doyens reste en tout cas très prudente sur le projet de faire passer d’ici 2027 à 16 000 le nombre de médecins formés chaque année (contre 11 500 aujourd’hui), prôné notamment par Gabriel Attal lorsqu’il était Premier ministre.
« Je pense que les 16 000, c’est probablement trop », estime-t-elle, en demandant qu’avant toute décision, une « conférence de santé » soit réunie pour notamment modéliser les besoins à venir en médecins et autres professionnels de santé.
Et Mme Laffont affiche également ses réticences face à la proposition de garantir une première année d’étude de santé dans chaque département, soutenue notamment par le Premier ministre François Bayrou.
Pour accueillir une première année, « il faut qu’il y ait un minimum d’infrastructure » physiques, « sinon, les étudiants vont suivre en visio à la maison », met-elle notamment en garde.
Avec AFP