La magie du clown

Article Article

Joie et rires en pédiatrie réa

La magie du clown

Les clowns à l’hôpital, une histoire ancienne en Angleterre (on parle du premier clown en 1911), mais plutôt récente en France. Denis Devictor, aujourd’hui président de l’association Le Rire médecin , nous parle de son expérience hospitalière dans le service de pédiatrie, depuis qu’il a fait la connaissance des clowns

Denis Devictor a dirigé le service de service de réanimation néonatale et pédiatrique de l’hôpital Bicêtre pendant de nombreuses années. Le quotidien, comme on peut l’imaginer, était loin d’être rose… « Ce métier peut être effrayant, dur. Nous voyons des enfants en détresse vitale, des enfants qui meurent… Cela entraîne beaucoup de souffrances, physiques, que l’on peut contrôler grâce à la morphine, mais aussi psychologiques. Ces dernières sont les plus douloureuses et les plus tenaces, il n’existe pas de médicaments pour les traiter… », confie-t-il. Et puis le personnel de santé a vu arriver des clowns dans le service. « Le service de réanimation ressemble à un cockpit d’avion : c’est très très médicalisé. C’est donc un peu incongru de voir un clown dans ce service ». Mais, entre les infirmières en permanence auprès des malades, les médecins qui passent de l’un à l’autre, les clowns semblent trouver leur juste place. « Ce sont des gens extraordinaires. Ils viennent deux fois par semaine, et font partie intégrante du service. Il y a les médecins, le personnel paramédical, et les clowns. Ils discutent beaucoup avec les infirmières. Celles-ci vont les briefer : ‘tel enfant a besoin de voir le clown, il a tel traitement, etc.’ », raconte le pédiatre. « Ils ont un savoir-faire hallucinant, ce sont de vrais pros. Ils agissent avec beaucoup de tact, et chaque enfant a droit à son espace personnel, à son propre programme. Par exemple, pour un enfant roumain, les clowns vont chanter une berceuse en roumain. C’est complètement fou, il faut les voir. Et si les enfants n’ont pas envie, ils se retirent sur la pointe des pieds. »
Son souvenir le plus marquant avec les clowns ? « Un enfant était en train de mourir, et les parents ont demandé à ce que les clowns viennent. Ils ont chanté pendant que l’enfant partait… »
Les clowns sont là pour tout le monde dans le service : les enfants, mais aussi les parents, le personnel paramédical, sans oublier les médecins : « une chose très importante pour nous était le débriefing. Quand on travaille dans un service hospitalier comme celui-ci, on en prend plein la gueule. La souffrance et la mort sont notre quotidien. Alors quand on voit les clowns, on parle beaucoup avec eux, c’est un grand moment pour se soulager », confie Denis Devictor.

Le pédiatre est persuadé que les progrès en réanimation ne se sont pas faits grâce aux machines, mais grâce à la prise en charge psychologique des enfants et des parents. « Les mots peuvent tromper mais les émotions ne trompent jamais. Et les clowns sont là pour mettre de l’émotion, de la joie dans la clinique. La joie des enfants n’est pas artificielle et c’est un sentiment contagieux. Quand les enfants retrouvent le sourire, les parents aussi, puis les soignants… c’est un cercle vertueux. »
Il conclut : « je l’observe : une journée sans clowns, c’est une journée complètement différente dans le service ».

Source:

Cécile Lienhard

Les gros dossiers

+ De gros dossiers