« J’ai rencontré deux généralistes heureux »

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Echos de Cham 2016

« J’ai rencontré deux généralistes heureux »

Les généralistes ont tendance à râler. Ce qui n’a pas empêché deux d’entre eux d’exprimer ce matin leur bonheur sur la scène de Cham, le rassemblement annuel organisé à Chamonix par le Pr Guy Vallancien pour parler de l’avenir de la santé. Parcours croisés au pied du Mont Blanc.

Deux généralistes, deux trajectoires, deux générations… et la même joie d’exercer. Le Dr Jacques-Olivier Dauberton, jeune praticien et ancien président du syndicat Reajgir, est installé en Champagne dans une zone « très désertifiée », comme il le dit lui-même. Le Dr Jean-François Charles s’est pour sa part installé en libéral à Londres. Ils étaient réunis ce matin à Chamonix pour évoquer leur parcours sur le plateau de Cham, la grand-messe du secteur de la santé organisée tous les ans par le Pr Guy Vallancien. Et leur discours était loin de la morosité ambiante dont souffre la profession.

London calling

Pour le Dr Jean-François Charles, les choses avaient pourtant mal commencé. « Si j’ai quitté la France, c’est d’abord à cause du burnout », explique-t-il. C’était en 2002, le NHS anglais recrutait des médecins, il s’est porté candidat. Arrivé de l’autre côté de la Manche, il s’est fait salarié.

Mais il a rapidement déchanté : « Il y avait des guidelines qu’il fallait respecter, il fallait que je lève le doigt pour partir en vacances… » Réalisant qu’il existe en Angleterre une population demandeuse de soins dans le privé, il a progressivement glissé hors du NHS. « Aujourd’hui, je ne fais que du libéral, je n‘ai à rendre compte qu’à l’Ordre des médecins anglais, à mes patients, à ma conscience, et au code de déontologie », déclare-t-il, visiblement satisfait.

Le bonheur est dans le pré… champenois

Changement de décor avec Jacques-Olivier Dauberton. Dans son village champenois de 200 âmes, le jeune généraliste est loin de l’agitation londonienne. Mais tout va bien pour lui également. « J’ai eu la chance de pouvoir créer mon exercice », déclare-t-il. Avec les infirmiers et les élus de la zone, il a en effet mis en place une maison de santé. Et il le dit sans ambages : « Je suis content de quitter ma maison et mes enfants tous les matins pour aller travailler. » En équipe, tout devient d’après lui plus facile.

Un exemple ? « Dans le secteur, on a réussi à diminuer le nombre de passage aux urgences, alors que je suis le seul médecin », témoigne-t-il. La solution réside d’après lui dans l’organisation. Avec les infirmières, il travaille pour une orientation plus rationnelle des patients.

Messagerie sécurisée, mon amour

Ce qui ne veut pas dire que tout est rose pour lui. Le paiement à l’acte, par exemple, n’est d’après lui pas adapté à la rémunération du travail d’équipe. Autre difficulté : le lien avec l’hôpital. Il aimerait bien pouvoir échanger directement avec les médecins qui prennent en charge ses patients au CHU. Mais quand il s’est adressé à la direction pour parler système de messagerie sécurisée, il s’est trouvé face à un mur. « Ils ne comprenaient pas ce que je disais », se souvient-il.

Mais globalement, le bilan est positif. « Je suis un jeune généraliste heureux et qui gagne bien sa vie, du coup tout va bien », se réjouit-il. Conclusion de Guy Vallancien, qui modérait la rencontre entre le Champenois et le Londonien : « J’ai rencontré deux médecins heureux. » On aimerait que cela arrive plus souvent.

Source:

Adrien Renaud

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