IRM : les radiologues veulent plus de matos

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La profession dénonce les délais de rendez-vous en urgence

IRM : les radiologues veulent plus de matos

Une récente étude montre que les délais pour obtenir une IRM sont particulièrement longs : 30 jours pour un rendez-vous en urgence en oncologie. Une situation que les radiologues imputent à la pénurie d’appareils et aux restrictions budgétaires.

 

Voilà de l’eau pour le moulin des radiologues. D’après une étude commandée par le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem) au cabinet Cemka-Eval, le délai moyen pour obtenir une IRM « urgente » en oncologie est de… 30 jours.

« Cela fait une bonne dizaine d’années que nous tirons le signal d’alarme parce que la France est très en retard sur le plan des équipements, qu’il s’agisse des IRM ou des scanners », commente le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR).

Cinq fois plus d’IRM au Japon qu’en France

Il est vrai qu’année après année, les radiologues dénoncent ce qu’ils considèrent comme un véritable scandale sanitaire : le faible taux d’équipement en appareils d’IRM de notre pays. D’après l’OCDE, la France comptait 9,4 appareils par million d’habitants en 2013, ce qui la situe largement en-dessous de la moyenne de l’OCDE (14,1 appareils), et loin derrière le Japon (46,9) ou même l’Italie (24,6).

Pour Jean-Philippe Masson, le responsable de cette situation et tout trouvé : c’est l’État et sa politique de restriction budgétaire. « Je veux bien qu’on fasse des économies, mais on les fait sur le dos de la santé des Français », peste-t-il. Et le président de la FNMR de pointer le risque de pertes de chance induit par les retards diagnostics que pourraient causer les délais d’attente.

Ouvrez les vannes !

Pour le radiologue, une seule solution : les pouvoirs publics, qui restreignent l’installation d’appareils d’IRM de peur de l’impact qu’ils pourraient avoir sur les dépenses de santé, doivent ouvrir les vannes pour permettre aux centres d'imagerie de travailler davantage.

Et qu’on ne vienne pas lui dire que les radiologues comptent déjà parmi les professions médicales les plus favorisées. « J’éprouve un vrai ras-le-bol quand on me parle de nos revenus », s’emporte-t-il. « Pourquoi un radiologue ne gagnerait-il pas autant qu’un énarque ? Le radiologue, au moins, sert à quelque chose : s’il n’y a pas de radiologue, il n’y a pas de diagnostic. »

Une étude peut en cacher une autre

Reste que le commanditaire de l’étude brandie par les radiologues n’est autre que le principal représentant des fournisseurs de matériel médical, et donc d’IRM. La neutralité des résultat peut donc être questionnée.

Autre faiblesse de l’étude du Snitem : le lien qu’elle établit entre densité en appareils d’IRM et délais d’attente mériterait d’être davantage étoffé. Ainsi, l’analyse par région (voir carte ci-dessous) fait apparaître de nombreux territoires où les appareils sont plus nombreux qu’ailleurs, mais où les patients doivent patienter davantage que la moyenne de leurs concitoyens.
Délai d'attente pour une IRM et taux d'équipement par million d'habitant. (Image Snitem)

« Il faudrait aller plus loin dans l’analyse », reconnaît Jean-Philippe Masson. « Mais ce que nous savons, c’est que de nombreux Alsaciens vont faire leurs IRM en Allemagne tant les délais sont longs chez eux ». Reste à savoir si en ces temps de restrictions budgétaires, les pouvoir publics sauront aller au-delà de l’effort qu’ils font déjà actuellement pour améliorer le taux d’équipement.


Source:

Adrien Renaud

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