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Mais... Faire neuf ans d'études pour ne pas exercer réellement son métier, c’est un gâchis ridicule !
On peut toujours revendiquer, réclamer, rêver, militer pour un meilleur système de santé. Seulement, cette attitude a tendance à noircir le tableau. Mes jeunes internes sont souvent découragés avant même d'exercer, à force de lire des articles déprimants, des histoires de burn-out et les blogs "thérapie" des médecins, la confrontation à ce climat morose gangrène la profession. Mais rassurons-nous, on peut être heureux et pratiquer avec passion son métier de généraliste, si l'on sait s'y prendre.
Plutôt que de se morfondre dans des ouvrages de déprime sur notre façon de bosser, il faut agir, plus que subir, pour reprendre goût à travailler.
Il faut délaisser les solutions toutes faites, qui, d'ailleurs, ne fonctionnent pas, comme les maisons de santé, pour retrouver un état d'esprit positif, retrouver le goût des responsabilités et revenir à ce qui a toujours été le fondamental de notre exercice, le soin : diagnostiquer, écouter, soulager.
Les meilleures solutions sont souvent les plus simples. Pour être bien dans sa vie, bien dans son job, il faut :
1. bien gagner sa vie ;
2. être respecté par les patients ;
3. trouver son métier intéressant ;
4. avoir du temps pour soi ;
5. aimer l'endroit où l'on vit.
Gagner sa vie ?
En diminuant les charges, en optimisant notre temps de travail, en connaissant la valeur de sa fonction, c'est-à-dire en n'ayant pas peur de se faire payer pour tous les actes (même la lecture des résultats, même la production des certificats, même les simples vaccinations...). Bref, apprendre à compter…
Ne pas se laisser envahir par les patients ?
En restant le patron, en mettant des limites, en virant ceux qui ne respectent aucune règle, en imposant les siennes (par exemple : limiter d'emblée le nombre de motifs de consultation. En 15 mn, on ne peut changer le monde !). Le principal motif de burn-out vient des patients envahissants. Il ne faut pas oublier qu’un médecin a souvent une clientèle qui lui ressemble…
Trouver son métier intéressant ?
En se formant, en travaillant en groupe, en ayant un pied à la fac, en sachant sortir du cabinet.
Avoir du temps pour soi ?
En prenant des congés, en ayant des matinées de repos sans culpabiliser.
Aimer le lieu où l'on vit ?
Les problèmes d'aménagement du territoire ne sont pas les nôtres. Un médecin doit se sentir heureux et en sécurité là où il exerce. Le reste n’est que bla-bla politique et syndical.
"Installez-vous, qu'ils disaient !"
Certes, ce n'est pas simple et personne ne cherche à nous rendre les conditions d'exercice meilleures. Malgré tout, en sachant s'y prendre, exercer la médecine générale est un privilège, très gratifiant à bien des égards. N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure, les conseils teintés d’arrière-pensées. Installez-vous, où vous voulez, comme vous le voulez, mais installez-vous, et le plus tôt sera le mieux !
*Mickaël Riahi est médecin généraliste, ancien président du SNJMG (Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes), auteur de l’ouvrage Installez-vous qu’ils disaient, éditions lulu.com, 2012.