Infections nosocomiales : pas mal, dit la HAS

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Mais les médecins plombent un peu les scores

Infections nosocomiales : pas mal, dit la HAS

La HAS a publié les résultats 2017 de ses indicateurs de sûreté des établissements hospitaliers, au regard des infections nosocomiales. Ils sont plutôt bons, en très légers progrès par rapport à l’année précédente, mais quelques points sont encore à revoir.

La dernière enquête nationale de prévalence sur les infections nosocomiales de Santé publique France date de 2012. Elle avait révélé qu’un peu plus de 5 % des patients étaient touchés. En parallèle de ces enquêtes régulières, et depuis 2006, la Direction Générale de l’Organisation des Soins (DGOS) et la Haute Autorité de Santé (HAS) ont créé trois indicateurs. Ils sont destinés à évaluer les pratiques des établissements de soins en matière de lutte contre les infections associées aux soins (IAS). Ce mardi, la HAS a publié les résultats de l’édition 2017 (basée sur les chiffres 2016).

Elle semble plutôt satisfaite, la plupart des indicateurs étant bons. Les établissements sont impliqués dans la lutte contre les IAS, les équipes opérationnelles d’hygiène hospitalière (EOH) sont bien associées aux CME dans les décisions, les protocoles d’hygiène des mains sont performants… Parmi les points faibles, le carnet vaccinal des personnels médicaux, et leur participation aux formations.

Pas de formation

L’évaluation de la HAS se base sur ICALIN.2, pour la prévention des infections nosocomiales, ICA-LISO, pour la prévention des infections des sites opératoires, et ICSHA.2 V2 pour l’hygiène des mains.

Pour le premier, les établissements remplissent les différents critères à 83 %, soit 1 % de plus que lors de l’évaluation précédente. Et 93 % des établissements sont classés A ou B (sur une échelle allant jusqu’à E). « De nombreux établissements ont atteint le niveau attendu pour cet indicateur », commente la HAS.

Un effort est néanmoins à apporter pour la formation à l’hygiène. Dans 32 % des cas, les hôpitaux n’en proposent pas pour les intérimaires et les étudiants. Et dans 63 % des établissements, moins de 25 % du personnel médical a bénéficié d’une formation validée par l’EOH (seulement 31 % pour les infirmières).

Eh alors, on ne se vaccine pas ?

Autre point noir : la couverture vaccinale. À peine plus de la moitié des établissements de santé ont instauré une surveillance de la couverture vaccinale de leur personnel soignant (57 % pour la rougeole, et 58 % pour la varicelle et la coqueluche. De là à penser que les médecins ne se vaccinent pas, il n’y a qu’un pas !

La HAS regrette également le manque d’implication dans l’évaluation des pratiques relatives à la prévention des infections urinaires sur sonde. Les infections urinaires représentent pourtant 30 % de l’ensemble des infections nosocomiales.

Les solutions hydro-alcooliques

L’indicateur ICA-LISO a rendu de très bons résultats. Le score moyen est de 90 %, avec un quart des établissements qui obtiennent une note parfaite. Certains pourraient néanmoins faire un effort sur leurs systèmes de surveillance.

Pour ces deux catégories, la HAS estime qu’il est temps « d’envisager une évolution vers d’autres indicateurs, les établissements de santé ayant progressé de manière importante au cours de ces quatre dernières années de recueil ».

Enfin, pour l’hygiène des mains, la HAS persiste avec son indicateur ICSHA.2 (bientôt une version 3 !). Un indicateur vivement critiqué car, plutôt que de juger les pratiques, il « objective le volume de produits hydro-alcooliques commandés par les établissements de santé ». En clair : plus ils commandent de solutions, plus leur note est bonne. Avec toutes les imprécisions que cela peut impliquer en matière de quantité de produit utilisé par friction des mains. Et nous ne parlons pas des risques de triche, nous n’y avons même pas pensé...

Crédits photo : Minority Report (20th Century Fox)

Source:

Jonathan Herchkovitch

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