Etudiants en médecine qui ne finissent pas leur cursus : déserteurs… ou entrepreneurs ?

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Un éclairage venu de la Silicon Valley

Etudiants en médecine qui ne finissent pas leur cursus : déserteurs… ou entrepreneurs ?

25% étudiants en médecine admis en deuxième année ne s’inscrivent pas au Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) 10 ans plus tard. En ces temps de désertification médicale, ce chiffre annoncé dans l'éditorial de l'Atlas du CNOM 2015 au mois dernier a de quoi interpeller. Ces étudiants qui boudent les cabinets et les blocs opératoires sont-ils des déserteurs ?

Pour en savoir plus, « What’s Up Doc » interviewait mardi dernier le Dr Jean-François Rault, président de la section santé publique et démographie médicale du CNOM. Celui-ci n’a pas beaucoup éclairé notre lanterne sur la question, et nous a promis de « s’y intéresser plus précisément ».

Mais alors, où sont passés ces confrères potentiels ? En attendant le résultat des investigations du CNOM, un petit coup d’œil à l’international peut s’avérer instructif. Car en Californie, les facs de médecine connaissent également d’importants taux de déperdition.

Le site de NPR nous apprenait par exemple il y a quelques jours que seulement 68% des diplômés en médecine (l’équivalent de notre externat) de Stanford s’inscrivaient en « residency » (l’équivalent de notre internat). A l’University of California - San Francisco (la fameuse UCSF), ce chiffre est à peine meilleur : 79%. D’après NPR, il s’agirait d’une spécificité de la région de San Francisco.

E-santé plutôt que santé tout court ?

La différence entre la situation française et la situation californienne, c’est que dans cette dernière, on a une idée assez précise de ce que deviennent ces jeunes qui ne poursuivent pas leurs études médicales. Loin de s’évaporer dans la nature, ils sont, au moins pour certains d’entre eux, happés par la Silicon Valley.

« Beaucoup des étudiants en médecine de la région de San Francisco sont attirés par les opportunités qu’offrent les start-ups », explique à NPR Jeff Tangney, le PDG de Doximity, un réseau de médecins qui effectue des classements dans le secteur de la santé aux Etats-Unis. « Avant, ils s’orientaient vers les biotechnologies, et maintenant, ils choisissent davantage la e-santé ».

Les rémunérations attractives offertes par les start-ups sont l’un des facteurs qui expliquent ce phénomène, mais elles ne sont pas le seul. « J’ai réalisé que le système n’est pas conçu pour que les médecins puissent réellement changer les choses pour le bénéfice du patient », confie à NPR Shaundra Eichstadt, ancienne étudiante en médecine qui est maintenant directrice médicale d’une start-up qui aide les patients à s’orienter dans le système de santéaméricain.

Une piste à ne pas négliger…

Bien sûr, le fait que les étudiants en médecine californiens s’en aillent faire les beaux jours de la Silicon Valley n’explique pas à lui seul pourquoi 25% de leurs homologues français abandonnent leur formation. Encore que… Comme l’expliquait « What’s Up Doc » il y a quelques semaines, le phénomène des médecins start-uppers n’est pas circonscrit à la région de San Francisco. En France aussi, nous avons nos praticiens-entrepreneurs.

Une piste à ne pas négliger, donc, si le CNOM cherche véritablement un jour à savoir où sont passés les 25% d’étudiants manquants…

Source:

Adrien Renaud

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