Éthique : Emmanuel Hirsch pose des limites au progrès

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Bilan des Conversations 2017

Éthique : Emmanuel Hirsch pose des limites au progrès

Il y a quelques jours avait lieu la 3ème saison des conversations éthiques consacrée au progrès et au futur de la santé. L’heure du bilan a sonné pour Emmanuel Hirsch, le directeur de l’Espace de réflexion éthique Ile-de-France.

« Les limites, c’est ce qui définit une société. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace de réflexion éthique Ile-de-France, a clôturé les conversations éthiques 2017. Mais attention. « Questionner les limites n’est pas contradictoire avec les termes d’avancée et d’espérance. » Cette année, l’Espace éthique s’est interrogé, le temps d’une journée, sur le futur de la santé. Premier enseignement : avant d’aller de l’avant, ne pas hésiter à regarder en arrière. « Il est nécessaire de revenir aux fondamentaux », rappelle Emmanuel Hirsch. « Les pensées éthiques construites à travers les époques doivent être prises en compte. »

Si durant cette journée, le progrès technique a essentiellement été évoqué sous le prisme de la science, le directeur de l’espace Ethique souligne qu’il existe d’autres formes d’inventivité et de progrès au quotidien. Par exemple, la manière dont la société s’adapte au vieillissement.

Une société fragile

Mais au final, avons-nous les épaules assez solides pour supporter le progrès technique que nous convoitons ? « Nous sommes vulnérables et fragiles. La société n’est pas en capacité d’accompagner ces évolutions », remarque Emmanuel Hirsch. « Ces mutations ont l’air d’être à la merci du pouvoir financier sans aucune considération éthique. » Selon lui, c'est un comble pour une société qui se veut libérale !

« Les politiques ont compris l’usage qu’ils pouvaient faire du progrès », se désole-t-il. Au point, peut-être, d’avoir remis en cause notre démocratie. « Les individus n’ont plus l’opportunité ou non d’adhérer à cette course au progrès. »

Il n’y a pas que les politiques qui en prennent pour leur grade. « L’un des éléments qui frise sans conteste l’indécence, ce sont les modalités d’évaluation des équipes de recherche », déplore le directeur. « Les critères choisis relèvent d’une approche économiste et l’évaluation qui en découle est arbitraire. Le tout pour un résultat qui rompt avec une volonté de bien commun », conclut Emmanuel Hirsch. A force d’abraser nos limites, ne risque-t-on pas de remettre en cause notre humanité ?

 

Source:

Im`ene Hamchiche

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