On dirait pas, mais les médecins français se considèrent en meilleure santé mentale que les autres

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Les médecins français sont moins nombreux à se dire déprimés et épuisés que leurs confrères de plusieurs autres pays occidentaux, selon une enquête réalisée par le site d’informations médicales Medscape

 

On dirait pas, mais les médecins français se considèrent en meilleure santé mentale que les autres

© Midjourney x What's up Doc

Curieux résultats à l’heure où la santé mentale des médecins, jeunes ou moins jeunes, hospitaliers et libéraux, est régulièrement pointée du doigt. 

Medscape a interrogé plus de 12 000 médecins exerçant dans 11 pays différents, en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada), centrale (Mexique) et latine (Argentine, Brésil) ainsi qu’en Europe (France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne et Royaume-Uni). 

Les résultats, pour certains surprenants, ont été publiés la semaine dernière dans le rapport « Medscape international physician mental health and well-being 2025 ».  

Les praticiens français sont les plus susceptibles de déclarer que leur propre santé et bien-être sont soit une priorité, soit important pour eux (88%). En comparaison, leurs homologues allemands ne sont que 45%. 

Interrogés sur leur santé mentale, les Français sont également les plus nombreux à se dire ni déprimés ni épuisés (64%), loins devant le Canada (54%) et d’autres pays européens. 

Outre-Atlantique, les cliniciens argentins et brésiliens ont déclaré, respectivement à 64% et 54%, être soit déprimés, soit épuisés, ou les deux.

Biais de représentation 

Pour le Dr Ariel Frajerman, invité par Medscape à commenter les résultats, les explications sont à chercher du côté de la représentation que les médecins se font de l’épuisement et de la dépression. 

« En France, le burn-out est considéré comme un signe de faiblesse, mais il est tout de même mieux perçu que la dépression », estime ce psychiatre et chercheur à l’institut de psychiatrie et de neuroscience de Paris (IPNP). Sans outils de mesure concrets, « un médecin français aura tendance à s’autocensurer » : dans le meilleur des cas, il pourra admettre être épuisé, mais pas déprimé. 

En revanche, l’état de santé des praticiens sud-américains serait plus lié à des facteurs professionnels. Selon le Dr Mauricio Wajngarten, cardiologue et chercheur à Sao Paulo, les changements récents dans la démographie médicale ont entraîné une augmentation massive d’étudiants formés, sans amélioration de la qualité de l’enseignement. 

De plus, les emplois se concentrent dans les grandes villes, là où les zones moins peuplées, qui offrent moins de ressources, n’attirent que très peu les médecins.

Mais la pauvre santé mentale des praticiens du pays s’explique également par leur sentiment d’insécurité, relaté dans plusieurs études.  

S’ils se disent en meilleure santé mentale que leurs homologues étrangers, les médecins français ne seraient pas contre un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle. Plus de la moitié (53%) déclarent qu’ils accepteraient volontiers une baisse de salaire en échange de plus d’équilibre. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/hopital-vs-vie-de-famille-nous-ne-sommes-pas-des-parents-comme-les-autres

Toutefois, seule la moitié d’entre eux considèrent « très important » de consacrer plus de temps à leur vie personnelle et familiale, une proportion inférieure à celle de tous les autres pays sondés. 

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