Déserts médicaux dans les zones rurales : La face émergée de l'iceberg

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D’après une étude commandée par l’Association des Maires Ruraux de France, le nombre de déserts médicaux en ruralité aurait cru de 62 % entre 2010 et 2018. Un diagnostic inquiétant posé à maintes reprises qui tendrait à s’aggraver… Mais pas qu’en ruralité !
 

Déserts médicaux dans les zones rurales : La face émergée de l'iceberg

Les maires ruraux montent au créneau. Après la publication d’une étude révélant « un accès aux soins de qualité inférieure à celles de la moyenne des territoires français » en ruralité, l’Association des Maires Ruraux de France donne de la voix. « Nous ne sommes qu'au début de la crise. Si rien n'est fait, on court vraiment à la catastrophe », a alerté Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF.
 
Réalisée à leur demande par le géographe et spécialiste de l’approche territoriale de la santé Emmanuel Vigneron, cette enquête souligne que la densité de médecins toutes spécialités confondues pour 1 000 habitants « est systématiquement inférieure à la campagne par rapport aux territoires hyper-urbains ». « On compte par exemple plus de deux fois moins de spécialistes pour 1000 habitants dans les départements hyper-ruraux », précise le document.
 
Ce phénomène déjà bien connu tendrait à s’aggraver à en croire le professeur des Universités de Montpellier. Ainsi, le taux de cantons dépourvus de médecins aurait augmenté de 62 % entre 2010 et 2018 – passant de 91 territoires à 148. Les perspectives d’avenir, quant à elles, ne seraient pas plus réjouissantes.  « Plus de la moitié des médecins en milieu rural sont âgés de plus de 55 ans et un bon nombre a déjà largement dépassé les 70 ans », ajoute Dominique Dhumeaux, qui précise que les « jeunes médecins sont beaucoup plus nombreux en ville ».   
 
Cet élément de réponse souvent rabâché serait pourtant bien loin d’expliquer à lui seul le phénomène.  Et pour cause : si le nombre total de médecins n’a jamais été aussi élevé, le nombre de patients aussi ! « Dès lors que la population augmente et notamment celle des personnes âgées, la croissance du nombre de médecins ne permet plus de suivre la demande et l’on assiste à une stagnation de la densité médicale à partir des années 2000 à l’échelle du pays tout entier », analyse l’expert.  
 
Si le nombre de spécialistes stagne sur l’ensemble du territoire - à l’exception des centres hyper-urbains, celui des médecins généralistes par nombre d’habitants décroît en effet depuis 2015 sur l’ensemble du territoire. Une véritable épidémie pour laquelle il faudra certainement plus d’un an pour trouver un traitement.  
 

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