Dépassements d’honoraires : la CNAM est contente

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Quand ce n’est pas elle qui paye

Dépassements d’honoraires : la CNAM est contente

Le bilan à la mi-2017 des pratiques de dépassements d’honoraires des libéraux en secteur 2 montre une augmentation des dépenses globales des patients. Mais la CNAM préfère relever le taux moyen de dépassements qui, lui, est légèrement en baisse.

On dépense plus, mais c’est bien. Tel est en quelque sorte le message de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Ce mercredi, elle a publié son bilan des pratiques tarifaires des médecins conventionnés en secteur 2. Et le titre du rapport est clair : « Une tendance à la baisse ».

Pour arriver à cette conclusion, la CNAM s’appuie sur le taux moyen de dépassements d’honoraires des médecins de secteur 2 qui, il est vrai, est en baisse. Il s’est établi en 2016 à 51,9 %, ce qui représente une baisse de 1,4 point par rapport à l’année précédente. Une tendance amorcée en 2011, et qui s’accélère même, à la grande satisfaction de l'institution. 

On dit merci qui ?

Dans un élan d’autosatisfaction, elle attribue cette baisse à la mise en place du Contrat d’Accès aux Soins (CAS) mis en place en 2012, et remplacé depuis les 1er janvier 2017 par l’Optam et l’Optam-CO. A travers des réductions de charges et des primes, les médecins installés en secteur 2 sont incités à limiter leurs dépassements.

Et la carotte fonctionne : 45 % des praticiens concernés ont adhéré, soit près de 15 000. Un net progrès par rapport au CAS (32,8 %). Les médecins sont plus raisonnables dans les dépassements, et le taux de dépassements baisse. La CNAM est contente.

Couvrez cette valeur absolue que je ne saurais voir

C’est sans compter sur l’augmentation du volume global des dépenses des patients en dépassements. En 2016, ils ont déboursé 2,66 milliards d’euros en valeur absolue – en grande partie chez les spécialistes. Un montant qui ne cesse d’augmenter depuis 2000, en moyenne de 2,3 % depuis 2012.

Oui mais, précise la CNAM, c’est mieux qu’entre 2000 et 2011, où l’augmentation moyenne était de 6,3 %. Donc c’est bien. Ou pas, selon la Cour des comptes qui, plus qu’un pavé dans la mare, commence à prendre l’habitude de jeter des « bombes à fragmentation », pour Jerôme Marty, de l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML). Dans son entreprise de critique acerbe du système de santé – liberté d’installation, rémunérations forfaitaires – et entre la poire et le fromage, elle se plaît en effet à tirer à boulets rouges sur l’Optam qui a, pour elle, des « effets limités pour un coût considérable ».

La CNAM sait visiblement mieux s’y prendre avec les médecins libéraux.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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