Ces vacances qui n’en sont pas

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Vous adorez glander sur la plage? Why not? Mais pendant que vous bronzez, d’autres se rendent utiles. Lisez, pauvres pécheurs : What’s Up Doc a décidé de vous coller la honte.

Ces vacances qui n’en sont pas

En vacances, il y a deux écoles. Le camp « coquillages et crustacés » et les hyperactifs, ceux pour qui « on se reposera quand on sera mort ». Pour dénicher des rétifs au farniente, rien de mieux que l’humanitaire. Les petites associations comme Gynécologie sans frontières (GSF) offrent souvent des missions courtes : d’une durée inférieure à 1 mois, elles permettent aux volontaires de partir pendant leurs congés.

« Tu dors très peu, et tu donnes tout », prévient Thomas Charbonnier, assistant en gynéco-obs’. Depuis qu’il a fait ses premières armes suite au séisme d’Haïti, ce voyageur impénitent part tous les ans avec GSF : en Jordanie, au Népal, au Togo, ou encore à Calais, auprès des migrants. Des missions de 3 semaines qu’il alterne avec des rempla’ ou des contrats courts à l’hôpital. Et ça lui va très bien.

Qu’est-ce que tu fais pour les vacances?...

« Avant, l’humanitaire, c’étaient les grosses boîtes comme MSF qui te proposaient de partir 6 mois ou 1 an », explique-t-il. « Mais maintenant c’est plus flexible. » Les missions courtes arrangent tout le monde : les libéraux, qui peuvent se faire remplacer, et les hospitaliers, qui peuvent partir sur leurs congés ou même demander une absence au travail (c’est prévu par la loi*). Idem pour les internes. Benjamin Viaris de Lesegno, gynéco-obs’ hospitalier à Londres, a quant à lui attrapé le virus dès l’externat. En D3, il part en stage dans un dispensaire en Inde. C’est « l’étincelle ». Depuis, il part avec GSF tous les 3 ou 4 ans, pendant ses vacances. Une façon de se « soustraire au milieu hospitalier » tout en s’ouvrant à la complexité du monde.

Pas question, en revanche, de sacrifier tous ses congés. « J’essaie de garder un équilibre parce que quand tu reviens, tu es très fatigué. » Sa première mission a lieu dans le camp de réfugiés de Zaatari, à la frontière jordano-syrienne. Au beau milieu du désert. « Tu arrives là- bas et 1 femme sur 5 est enceinte : il y a presque autant besoin de gynéco-obs’ que de médecins de guerre », se souvient-il. Résultat : 1 mois à accoucher sous des tentes, sans péridurale, avec des rotations de 24 heures. Éprouvant, mais « fascinant ».

… Moi j‘ai encore changé d’adresse

Une ONG belge s’est même spécialisée dans les missions courtes. Dénommée Médecins sans vacances (MSV), elle propose à des praticiens – souvent chirurgiens mais aussi radiologues, anesthésistes, psychiatres... – de se rendre dans des hôpitaux partenaires, en Afrique subsaharienne. Là, ils dispensent des formations et aident à organiser les soins. « Quand j’en ai marre des gens compliqués qui ont une vie simple, je vais voir des gens simples qui ont une vie compliquée », résume Tayeb Slaouti, pédiatre à Bruxelles, qui compte 6 missions au Congo et au Rwanda pour MSV.

Les séjours durent 2 semaines. « Quand on a une vie de famille et des fonctions hospitalières, c’est le maximum qu’on puisse faire », estime le médecin belge passionné, qui parle de « surinvestissement ponctuel ». Tous ces intermittents de l’humanitaire ont des souvenirs plein la tête. Pour Thomas c’est le séisme de Katmandou, alors qu’il travaillait dans un dispensaire au sud du Népal. Pour Tayeb, une petite Rwandaise de 8 ans qu’il a sauvée d’une pneumonie. Pour Benjamin, des réfugiées syriennes pratiquant un massage utérin en chantant les louanges d’Allah...

Le « rendez-vous de ses promesses »

Vous vous sentez petits avec vos vacances à la playa? Attendez la suite! Car certains profitent même de leurs congés pour exercer... un second métier. C’est le cas d’André Macke, radiologue installé dans le Nord. Durant un séjour en Égypte, des archéologues lui proposent de participer bénévolement aux fouilles. C’était en 1985. Depuis, tous les automnes, ce passionné d’histoire antique part scanner des momies et des fragments osseux autour de la nécropole thébaine.

« Une matinée, je fouillais dans un endroit étrange et je suis tombé sur un sarcophage magnifique orné de hiéroglyphes », se souvient André Macke, qui a publié un ouvrage sur la vallée des Reines. « Il était 9 heures du matin, j’étais tout seul... C’est un des moments les plus extraordinaires de mon existence. » Et vous, vous pensez encore aux serviettes et à la crème solaire?________________________________________________________________

*Articles R. 6134-1 et R. 6134-3 du Code de la santé publique.

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