
Ces accusés en blouses blanches sont des hommes et des femmes de tous âges.
Soupçonné d’avoir tué, dans les années 1970 et 1980, 80 patients (37 ont été prouvés), l’Américain Donald Harvey était aide-soignant. Surnommé l’Ange de la mort et considéré comme l’un des plus grands tueurs de l’histoire des Etats-Unis, il se débarrassait des gens, selon le procureur, « avec le même besoin impérieux que certains ont de boire du lait chaud ou une bonne bière fraîche ».
Beverley Allitt, reconnue coupable en 1993 d’avoir tué ou tenté de tuer 13 enfants au Royaume-Uni, était elle infirmière. Les infirmières et infirmiers « sont les professionnels les plus souvent accusés de meurtre » et les hôpitaux, le lieu « le plus courant », selon une étude publiée en 2020 dans le Canadian Family Physician, qui rappelle que ces cas restent « rares ».
Avant celle impliquant Frédéric Péchier, une autre affaire française était centrée sur des anesthésistes : celle de Poitiers, en 1984, pour laquelle trois médecins rivaux, jugés pour la mort d’une patiente sur la table d’opération, seront finalement acquittés.
Le profil des victimes
Comme dans plusieurs affaires de tueurs à l’hôpital, les victimes de Roger Andermatt étaient toutes âgées. Arrêté en juin 2001, celui que l’on surnomme l’Infirmier de la mort a avoué avoir tué 24 femmes et quatre hommes de plus de 65 ans, souvent atteints de démence sénile, dans des maisons de retraite médicalisées en Suisse.
Les huit personnes tuées par la Canadienne Elizabeth Wettlaufer, quand elle était infirmière, avaient entre 75 et 96 ans. L’état des patients de gériatrie, « gravement malades et présentant une mortalité élevée, rend difficile l’identification des décès suspects », notent les auteurs d’un article paru dans le Forensic Science International en février.
À l’inverse, Niels Högel, infirmier condamné en juin 2019 à la perpétuité pour le meurtre d’au moins 85 patients en Allemagne, choisissait ses victimes arbitrairement.
Les armes du crime
Les médicaments, administrés par injection, sont les « armes » préférées de ces meurtriers et peuvent être difficiles à identifier après le décès, note Chris Frank, l’auteur de l’étude publiée dans le Canadian Family Physician.
Harold Shipman, condamné à la prison à vie en 2000 pour avoir tué 15 patients, est soupçonné d’environ 250 meurtres entre 1971 et 1998. Ce médecin de famille près de Manchester, en Angleterre, injectait à ses victimes des doses mortelles de morphine, puis signait lui-même les certificats de décès en évoquant des causes naturelles.
Richard Angelo, un infirmier new-yorkais condamné en 1990, quant à lui, injectait du Pavulon, un décontractant musculaire.
En mars dernier, s’est ouvert le procès d’un infirmier d’une unité de soins palliatifs à Aix-la-Chapelle en Allemagne : l’homme de 44 ans est suspecté d’avoir administré des surdoses de sédatifs ou d’analgésiques à 26 patients, tuant neuf d’entre eux.
Aide-soignante allemande de 27 ans, Michaela G. n’utilisait elle pas de médicament, mais étouffait ses victimes avec un coussin, un mouchoir ou un gant de toilette mouillé.
Les mobiles
Ils sont multiples : les auteurs de l’étude parue dans le Forensic Science International ont répertorié « la haine de certains types de patients, le plaisir sadique, la punition des patients agressifs ou exigeants, ainsi que le besoin d’attirer l’attention d’autres professionnels de santé ».
En Allemagne, un médecin en soins palliatifs à domicile, pour lequel le parquet de Berlin a récemment demandé un procès, est soupçonné d’avoir agi par simple « envie de tuer ».
Colin Norris, un infirmier britannique condamné en 2008 à la prison à vie, avait reconnu sa répugnance à traiter les patients en gériatrie. Michaela G. tuait parce que ses victimes l’auraient énervée ou lui auraient inspiré de la pitié.
Benjamin Geen, un infirmier britannique, empoisonnait ses patients pour l’excitation d’avoir ensuite à les réanimer. Niels Högel faisait la même chose pour passer pour un héros auprès de ses collègues. Tout comme l’infirmier américain Richard Angelo.
Avec AFP
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