Carabins : les plus aisés ont plus de chances

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L’ANEMF publie les chiffres de la rentrée

Carabins : les plus aisés ont plus de chances

L’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF) publie ce lundi son indicateur du coût de la rentrée. Constat : les études de médecine coûtent cher en France. Près de 6 000 euros pour un étudiant francilien en PACES. Une inégalité sociale qui engendre une inégalité de chance dans l’obtention du diplôme.

5 800 euros pour un étudiant en Première Année Commune des Etudes de Santé (PACES). Et plus de 4 000 euros pour un étudiant en première année de second cycle (DFASM1). Ce sont les chiffres que livre l’ANEMF ce lundi dans son étude du coût de la rentrée universitaire pour les carabins. Deux années importantes car préparatoires aux concours sélectifs : celui de la PACES et des ECNi. Des années où souvent, pour réussir, il faut casser la tirelire.

Ce coût élevé s’explique en grande partie par les tarifs des organismes privés de préparation aux examens. L’un des plus connus, contacté par What’s up Doc, organise pour les D2 des cours en petits groupes, à 45 euros de l’heure. En multipliant les cours dispensés chaque mois, jusqu’à huit pour cette formation, on atteint un montant important : au moins 3 600 pour 10 mois, sans compter les frais annexes. Si vous préférez les simulations d’examens en ligne, il faudra mettre de côté entre 200 et 1 000 euros selon les prépas.

Des études qui éliminent les moins favorisés

En y ajoutant le matériel de base pour étudier pendant l’année, les ouvrages référentiels - 1 091 euros par an selon l’ANEMF - ou le prix du logement, on peut comprendre l’échec des classes défavorisées dans l’accès aux études de médecine. La Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), dont est adhérente l’ANEMF, pointe dans ce rapport une hausse de 2,36 % des frais de rentrée ainsi que 1,87 % d’augmentation des loyers au niveau national.

« Parmi les inscrits en première année, un enfant de cadre a deux fois plus de chance qu’un enfant d’ouvrier d’intégrer une deuxième année, cet écart s’élevant même à 2,5 pour les études de médecine », selon une étude sur le profil des étudiants en PACES, publiée par la DREES en 2015.

« Un étudiant n’ayant pas les moyens de financer ce type de service sera en effet désavantagé par rapport aux autres », expliquent dans leur rapport Yanis Merad et Alice Derôme-Le Bret, respectivement président et vice-présidente chargée de l’Enseignement supérieur chez l’ANEMF. « Il y a des étudiants qui doivent tous les jours raboter leur train de vie, et on se retrouve à sauter un repas, retarder un soin… », ajoute le président de l'association étudiante, cité par egora.fr.

Vers la fin du RSSE ?

L’ANEMF milite également pour la création d’une Caisse Nationale d’Assurance Maladie pour les Etudiants (CNAM-E) en remplacement du Régime de Sécurité Sociale Etudiante (RSSE). L’asso' rend compte d’une « transition parfois peu intuitive - qui limite l’accès aux soins » entre le premier et le second cycle des études de médecine, lorsque les étudiants qui rentrent en D2 doivent passer au régime général.

« Ces différents enjeux mettent en lumière l’importance parfois négligée du facteur social pour la réussite des études supérieures », constate l’ANEMF. Celle-ci organise par ailleurs actuellement une concertation sur le second cycle auprès des étudiants, dans laquelle ces considérations pourraient être importantes. Son compte-rendu est prévu le 28 octobre prochain à Paris, lors des États généraux du second cycle. En attendant, les étudiants devront serrer leur blouse.

Source:

Thomas Moysan

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