Au printemps 2020, Sylviane (1) a été prise en charge à l’hôpital Joseph Ducuing de Toulouse, après une commotion cérébrale. Face aux policiers, elle va raconter les gestes déplacés du médecin qui l’a auscultée : "Il m’a prise dans les bras, a touché mes parties intimes, s’est ensuite présenté à mon domicile."
Quelques jours plus tard, Imane expose un scénario similaire lors de sa plainte. L’urgentiste de 65 ans qu’elle met en cause, lui aurait caressé la cuisse, tout en expliquant à sa mère que sa robe n’est pas conforme en période de Ramadan.
Alors qu’une enquête est ouverte, les plaintes contre le Dr Abdelhalim K. vont se succéder. Cathy, parle de ses tétons "qu’il touchait" ; un jeune homme transgenre assure que le praticien lui a tripoté les fesses ; une autre femme affirme que l'urgentiste l'a "embrassée avec la langue" de force avant de l'insulter, et une autre encore qu'il lui a "palpé la poitrine pendant de longues minutes" avant de frotter son bas-ventre contre elle.
Le mis en cause nie ou minimise les faits qui lui sont reprochés, en garde à vue, puis lors de ses auditions chez la juge d’instruction. Selon lui, certaines plaignantes mentent, et d’autres ont mal interprété des gestes purement médicaux.
Plusieurs condamnations pour des faits similaires
Mais les témoignages de l’entourage professionnel de l’urgentiste vont permettre aux policiers de remonter à d’autres faits. Car le modus operanti d'Abdelhalim K. serait bien rodé. Le médecin, aujourd’hui âgé de 65 ans, serait connu pour "son absence d’empathie et son sentiment de supériorité", selon La Dépêche.
Il était le seul urgentiste à accepter de nombreuses gardes, y compris de nuit… La plupart des victimes étaient d'ailleurs venues consulter les urgences de nuit suite à des douleurs ou des traumatismes récents. Ce qui les plaçait "dans une situation de faiblesse face à la figure d’autorité nécessairement incarnée par le médecin", précise une expertise versée au dossier d’instruction.
Par ailleurs, les enquêteurs ont mis la main sur les antécédents du praticien, condamné définitivement le 1er avril 2021 pour agression sexuelle "par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction", les faits s’étant déroulés à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) en 2015.
Le tribunal de Carcassonne a aussi condamné Abdelhalim K. en 2012, pour harcèlement en vue de l’obtention de faveur sexuelle. Des faits pour lesquels le conseil départemental de l’Ordre du Languedoc-Rousillon n’a pas jugé bon de le sanctionner.
Interrogée dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en décembre 2020, la direction de l’hôpital Ducuing confirmait des procédures internes à l’encontre d’Abdelhalim H., aucune n’ayant donné lieu à sanction.
(1) Les prénoms des plaignantes ont été modifiés.