Inter-Urgences, c’est quoi ?

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Plus de 200 services d’urgences en grève, six mois de mobilisation (voire plus, pour certains établissements), une prime de 100 euros acquise, et une lutte qui continue de s’étendre… Le combat social des paramédicaux mené par le collectif Inter-Urgences pèse dans l’actualité, et mobilise les directions hospitalières et le gouvernement. Mais Inter-Urgences, c’est quoi ?
 
« C’est un collectif de paramédicaux incroyables qui alertent sur les conditions de travail et d’accueil au sein des services d’urgences », résume Hugo Huon, président de l’association Inter-Urgences. Ah tiens, une association ! Ce n’est donc pas vraiment un collectif ? Comme nous avons besoin d’étiqueter les choses, creusons un peu plus loin. C’est une association, un collectif, un syndicat ? Deux sur trois, en fait.

WhatsApp aux urgences ?

À l’origine, c’est un mouvement parti des hôpitaux Saint-Antoine et Lariboisière, à Paris, impulsé en grande partie par les deux paramédicaux que What’s up Doc a rencontrés : Hugo Huon, donc, infirmier aux urgences de Larib’, et Abdel Dougha, aide-soignant à Saint-Antoine. Le mouvement s’est lancé sans structure particulière, né d’une association entre les urgences des deux hôpitaux, puis rejoint par leurs homologues parisiens, puis franciliens… puis français !
 
Mais pour monter un mouvement, il faut s’organiser. « Tout s’est fait par les groupes WhatsApp, explique Abdel. Sur Paris, ça a commencé par un groupe pour s’informer en temps réel des problématiques quotidiennes, notamment en matière d’insécurité, et des communications ». Ensuite, les effectifs grossissant, les rôles se sont répartis. « Nous avons créé un groupe médias, des groupes action, coordination, développement, contenu, finances… Puis nous avons travaillé sur un drive, où tout était rassemblé : les publications, les communiqués de presse, tout ce qui relève de l’image, etc. », ajoute-t-il.
 
Pour s’étendre, il a fallu ensuite déléguer : dans chaque région, pour chaque agence régionale de santé (ARS), deux représentants sont chargés de la coordination. Une structure presque scolaire, pas sans raison, comme le confie Hugo. « À l’origine, c’est parti d’une conférence que je participais à organiser dans le cadre d’un M2 que je suis, dans lequel nous avions créé des groupes pour nous organiser. Et ça fonctionne encore à l’heure actuelle, grâce notamment au groupe coordination ».

Moins de soutien, plus de puissance ?

Loin d’être une organisation à l’arrache, le grand mouvement national qui regroupe à ce jour 217 services d’urgences en France est pourtant le fruit de l’initiative d’une poignée d’amateurs, par opposition à des professionnels de la contestation. Car ce collectif s’est monté à l’écart des syndicats. « On n’est pas du tout du domaine », confirme Abdel. Avec tous les inconvénients que cela représente. « C’est bénévole, en dehors du temps de travail, il faut du monde et de la motivation afin de faire tenir la structure », ajoute Hugo. Les têtes d’affiche et les autres se retrouvent aussi exposés aux pressions de l’administration, sans la protection syndicale.
 
Mais même s’ils se sont construits sans les syndicats, à l’image des gilets jaunes (voir encadré ci-dessous), ils ont dû y faire appel, pour une raison essentielle : déposer des préavis de grève, que ceux-ci sont seuls habilités à émettre. Ils ont pu recevoir des conseils des habitués, ainsi que ceux de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui les accompagnent sur scène et dans les coulisses.

Inter-Urgences, les gilets-jaunes du monde médical ?

« Au départ, le collectif Inter-Urgences était réservé à propos de la participation des médecins parce qu’ils avaient peur que cela leur pique la vedette, qu’ils apparaissent au second plan… Tout simplement, ils avaient peur que l'on retrouve donc un peu la hiérarchie de la vie quotidienne à l’hôpital, où les médecins occupent le premier rang. L’autre spécificité du collectif Inter-Urgences et de la grève des urgences, c’est qu’il s’agit d’un mouvement spontané, au sens de non organisé par les syndicats. Il y a eu le précédent historique de la grève des infirmières françaises de l'automne 1988 qui était également un mouvement spontané. Donc, il y a une continuité avec le collectif Inter-Urgences. Par contre, on ne peut pas dire que le simple fait qu’un syndicat n’arrive pas à obtenir des revendications suffise pour que cela débouche sur un mouvement spontané. Car il y a trente ans que l’on n’avait pas vu cela dans le monde de la santé. Donc, il faut aussi tenir compte du contexte actuel. Il est d’ailleurs possible que le mouvement des gilets jaunes ait fait réfléchir quelques personnes du collectif. Le mouvement des gilets jaunes est caractérisé par une non-reconnaissance des corps intermédiaires, par une césure avec les syndicats, donc cela a dû évidemment interpeller les gens qui se sont lancés dans la grève des urgences. Il n’y a pas de lien direct, car le mouvement des urgences a démarré bien après le début du mouvement des gilets jaunes, mais on peut quand même parler de lien indirect. Mais le mouvement des gilets jaunes est assez différent en tant que tel. D’ailleurs, il n’a entraîné aucune grève dans aucune entreprise. Il faut aussi tenir compte du fait qu’il y avait un tel ras-le-bol chez les professionnels de santé depuis trop longtemps, ce qui a participé à faire basculer dans une mobilisation de cette ampleur. »

Ivan Sainsaulieu, sociologue

Et donc, une association ? Pour pérenniser le mouvement, le collectif – qui doit compter, à la louche, quelques milliers de personnes – a décidé de prendre un virage administratif et de se constituer en association. Pourquoi une association, et non un syndicat ? « La question s’est posée, reconnaît Hugo. Dans les syndicats, actuellement, les organes ne sont pas fonctionnels et pas adaptés à une négociation raisonnée. Ce qui nous a donné de la force, c’est de venir du terrain, et de pouvoir illustrer les situations directement. Les syndicalistes ne sont pas sur le terrain ».

Une urgence sans médecin

Inter-Urgences lutte sur deux sujets : celui des conditions de travail des soignants (notamment la sécurité), et celui de la qualité de l’accueil et des soins pour les patients. Les deux étant évidemment liés. Mais, de manière inhabituelle, les médecins sont restés très discrets. Ils ne se sont que très rarement joints à la grève, et ils sont longtemps restés en retrait, médiatiquement. Seule l’Amuf a fait quelques incartades. Quelques mandarins sont aussi intervenus, plus souvent pour l’analyse que par militantisme – et agaçant parfois au passage quelques paramédicaux.
 
C’était une volonté du collectif, comme l’avait confié Patrick Pelloux à WUD. Par expérience, les membres du collectif n’ont pas manqué un grand classique : lors des contestations communes, les projecteurs finissent souvent sur le corps médical. Les avantages sociaux aussi. Ensuite, des mouvements communs de début de mobilisation se sont parfois mal terminés. « À Mondor, les médecins sont partis avec les paramédicaux, et au moment de la déclaration de grève, ils se sont mis en retrait et les paramédicaux se sont retrouvés au premier rang et se sont fait éclater la gueule », regrette Hugo.
 
« Contrairement à nous, les médecins ont la possibilité de faire carrière », ajoute l’infirmier. Ce qui rajoute une pression et nuit aux revendications. « Et c’est aussi pour cela qu’ils font moins peur aux directions ». « Nous, on n’a rien à perdre », complète Abdel.
 
Au-delà d’une mobilisation centrée sur les paramédicaux, cette volonté de laisser à l’écart les médecins revêt un aspect stratégique : l’idée était, dans un premier temps, de faire les demandes spécifiques en faveur des paramédicaux, notamment la sécurité et la prime de 300 euros. Ensuite, sur l’aspect santé publique, sur les lits d’aval, sur les conditions déplorables des services, l’idée était de rallier les médecins. Au regret des têtes pensantes du collectif, ils ne répondent pas encore à la hauteur de leurs espérances…

Une stratégie sincère et sans prétention

De manière assez remarquable, sur l’ensemble des aspects, Inter-Urgences fait preuve d’un professionnalisme acquis sur le tas, et qui repose sur deux éléments essentiels : la proximité du terrain et une stratégie simple, claire et assumée : ne pas s’aventurer sur l’analyse économique, et alerter sur les conditions d’accueil des patients et de travail des professionnels. Une stratégie qui semble payer.
 
Elle se retrouve dans la communication du collectif, basée sur l’émotion. L’émotion de voir des patients négligés par des professionnels qui n’ont pas le temps ni les moyens de s’en occuper, mais aussi de voir des professionnels à bout. « Nous n’avons pas de compétences pour parler des restrictions budgétaires. En revanche, on peut parler des brancards cassés, de gens qui meurent. Ça, on connaît, souligne Hugo. C’est la seule manière d’éviter les écueils, et c’est en plus la manière naturelle de communiquer des soignants ».
 
« Notre stratégie de comm’ est centrée sur l’impact que peut ressentir la personne lambda, qui peut – comme ses parents, ses enfants, ses petits-enfants – se retrouver aux urgences et être impactée », ajoute Adbel, qui gère la communication sur les réseaux sociaux. « Il faut informer, c’est essentiel ! »


Manifestation à Annecy (Crédit : Inter-Urgences)

Des pessimistes au verre déjà à moitié plein

C’est sans doute d’ailleurs grâce à l’élaboration d’une stratégie réseaux sociaux performante que le mouvement a su se faire reconnaître, plus que celui des syndicats qui accompagnaient la grève. « Au début, il fallait se prostituer pour avoir les médias », rappelle Hugo.
 
Aujourd’hui, la grève fait l’actualité. Mais pas encore assez, estiment les deux leaders d’Inter-Urgences. Ils regrettent que le mouvement n’ait pas encore l’impact médiatique qu’il mérite. Non pas qu’ils pensent que leur implication mérite plus d’éloges. Mais simplement que le sujet, l’urgence de la situation, l’exigent.
 
Les deux hommes, qui semblent fatigués par des années de travail aux urgences et six mois de protestation intense prise sur leur temps libre, manquent encore de confiance sur l’issue de leur lutte. Mais même s’ils ne parviennent pas à obtenir plus que les 100 euros de prime pour les paramédicaux, ils auront au moins réussi à créer cet objet pérenne : l’association Inter-Urgences, première représentation des paramédicaux des services d’urgences.

"Derrière la blouse : des êtres humains, pas des robots" (Crédit : Inter-Urgences)
 

Plus de 200 services d’urgences en grève, six mois de mobilisation (voire plus, pour certains établissements), une prime de 100 euros acquise, et une lutte qui continue de s’étendre… Le combat social des paramédicaux mené par le collectif Inter-Urgences pèse dans l’actualité, et mobilise les directions hospitalières et le gouvernement. Mais Inter-Urgences, c’est quoi ?
 
« C’est un collectif de paramédicaux incroyables qui alertent sur les conditions de travail et d’accueil au sein des services d’urgences », résume Hugo Huon, président de l’association Inter-Urgences. Ah tiens, une association ! Ce n’est donc pas vraiment un collectif ? Comme nous avons besoin d’étiqueter les choses, creusons un peu plus loin. C’est une association, un collectif, un syndicat ? Deux sur trois, en fait.

WhatsApp aux urgences ?

À l’origine, c’est un mouvement parti des hôpitaux Saint-Antoine et Lariboisière, à Paris, impulsé en grande partie par les deux paramédicaux que What’s up Doc a rencontrés : Hugo Huon, donc, infirmier aux urgences de Larib’, et Abdel Dougha, aide-soignant à Saint-Antoine. Le mouvement s’est lancé sans structure particulière, né d’une association entre les urgences des deux hôpitaux, puis rejoint par leurs homologues parisiens, puis franciliens… puis français !
 
Mais pour monter un mouvement, il faut s’organiser. « Tout s’est fait par les groupes WhatsApp, explique Abdel. Sur Paris, ça a commencé par un groupe pour s’informer en temps réel des problématiques quotidiennes, notamment en matière d’insécurité, et des communications ». Ensuite, les effectifs grossissant, les rôles se sont répartis. « Nous avons créé un groupe médias, des groupes action, coordination, développement, contenu, finances… Puis nous avons travaillé sur un drive, où tout était rassemblé : les publications, les communiqués de presse, tout ce qui relève de l’image, etc. », ajoute-t-il.
 
Pour s’étendre, il a fallu ensuite déléguer : dans chaque région, pour chaque agence régionale de santé (ARS), deux représentants sont chargés de la coordination. Une structure presque scolaire, pas sans raison, comme le confie Hugo. « À l’origine, c’est parti d’une conférence que je participais à organiser dans le cadre d’un M2 que je suis, dans lequel nous avions créé des groupes pour nous organiser. Et ça fonctionne encore à l’heure actuelle, grâce notamment au groupe coordination ».

Moins de soutien, plus de puissance ?

Loin d’être une organisation à l’arrache, le grand mouvement national qui regroupe à ce jour 217 services d’urgences en France est pourtant le fruit de l’initiative d’une poignée d’amateurs, par opposition à des professionnels de la contestation. Car ce collectif s’est monté à l’écart des syndicats. « On n’est pas du tout du domaine », confirme Abdel. Avec tous les inconvénients que cela représente. « C’est bénévole, en dehors du temps de travail, il faut du monde et de la motivation afin de faire tenir la structure », ajoute Hugo. Les têtes d’affiche et les autres se retrouvent aussi exposés aux pressions de l’administration, sans la protection syndicale.
 
Mais même s’ils se sont construits sans les syndicats, à l’image des gilets jaunes (voir encadré ci-dessous), ils ont dû y faire appel, pour une raison essentielle : déposer des préavis de grève, que ceux-ci sont seuls habilités à émettre. Ils ont pu recevoir des conseils des habitués, ainsi que ceux de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui les accompagnent sur scène et dans les coulisses.

Inter-Urgences, les gilets-jaunes du monde médical ?

« Au départ, le collectif Inter-Urgences était réservé à propos de la participation des médecins parce qu’ils avaient peur que cela leur pique la vedette, qu’ils apparaissent au second plan… Tout simplement, ils avaient peur que l'on retrouve donc un peu la hiérarchie de la vie quotidienne à l’hôpital, où les médecins occupent le premier rang. L’autre spécificité du collectif Inter-Urgences et de la grève des urgences, c’est qu’il s’agit d’un mouvement spontané, au sens de non organisé par les syndicats. Il y a eu le précédent historique de la grève des infirmières françaises de l'automne 1988 qui était également un mouvement spontané. Donc, il y a une continuité avec le collectif Inter-Urgences. Par contre, on ne peut pas dire que le simple fait qu’un syndicat n’arrive pas à obtenir des revendications suffise pour que cela débouche sur un mouvement spontané. Car il y a trente ans que l’on n’avait pas vu cela dans le monde de la santé. Donc, il faut aussi tenir compte du contexte actuel. Il est d’ailleurs possible que le mouvement des gilets jaunes ait fait réfléchir quelques personnes du collectif. Le mouvement des gilets jaunes est caractérisé par une non-reconnaissance des corps intermédiaires, par une césure avec les syndicats, donc cela a dû évidemment interpeller les gens qui se sont lancés dans la grève des urgences. Il n’y a pas de lien direct, car le mouvement des urgences a démarré bien après le début du mouvement des gilets jaunes, mais on peut quand même parler de lien indirect. Mais le mouvement des gilets jaunes est assez différent en tant que tel. D’ailleurs, il n’a entraîné aucune grève dans aucune entreprise. Il faut aussi tenir compte du fait qu’il y avait un tel ras-le-bol chez les professionnels de santé depuis trop longtemps, ce qui a participé à faire basculer dans une mobilisation de cette ampleur. »

Ivan Sainsaulieu, sociologue

Et donc, une association ? Pour pérenniser le mouvement, le collectif – qui doit compter, à la louche, quelques milliers de personnes – a décidé de prendre un virage administratif et de se constituer en association. Pourquoi une association, et non un syndicat ? « La question s’est posée, reconnaît Hugo. Dans les syndicats, actuellement, les organes ne sont pas fonctionnels et pas adaptés à une négociation raisonnée. Ce qui nous a donné de la force, c’est de venir du terrain, et de pouvoir illustrer les situations directement. Les syndicalistes ne sont pas sur le terrain ».

Une urgence sans médecin

Inter-Urgences lutte sur deux sujets : celui des conditions de travail des soignants (notamment la sécurité), et celui de la qualité de l’accueil et des soins pour les patients. Les deux étant évidemment liés. Mais, de manière inhabituelle, les médecins sont restés très discrets. Ils ne se sont que très rarement joints à la grève, et ils sont longtemps restés en retrait, médiatiquement. Seule l’Amuf a fait quelques incartades. Quelques mandarins sont aussi intervenus, plus souvent pour l’analyse que par militantisme – et agaçant parfois au passage quelques paramédicaux.
 
C’était une volonté du collectif, comme l’avait confié Patrick Pelloux à WUD. Par expérience, les membres du collectif n’ont pas manqué un grand classique : lors des contestations communes, les projecteurs finissent souvent sur le corps médical. Les avantages sociaux aussi. Ensuite, des mouvements communs de début de mobilisation se sont parfois mal terminés. « À Mondor, les médecins sont partis avec les paramédicaux, et au moment de la déclaration de grève, ils se sont mis en retrait et les paramédicaux se sont retrouvés au premier rang et se sont fait éclater la gueule », regrette Hugo.
 
« Contrairement à nous, les médecins ont la possibilité de faire carrière », ajoute l’infirmier. Ce qui rajoute une pression et nuit aux revendications. « Et c’est aussi pour cela qu’ils font moins peur aux directions ». « Nous, on n’a rien à perdre », complète Abdel.
 
Au-delà d’une mobilisation centrée sur les paramédicaux, cette volonté de laisser à l’écart les médecins revêt un aspect stratégique : l’idée était, dans un premier temps, de faire les demandes spécifiques en faveur des paramédicaux, notamment la sécurité et la prime de 300 euros. Ensuite, sur l’aspect santé publique, sur les lits d’aval, sur les conditions déplorables des services, l’idée était de rallier les médecins. Au regret des têtes pensantes du collectif, ils ne répondent pas encore à la hauteur de leurs espérances…

Une stratégie sincère et sans prétention

De manière assez remarquable, sur l’ensemble des aspects, Inter-Urgences fait preuve d’un professionnalisme acquis sur le tas, et qui repose sur deux éléments essentiels : la proximité du terrain et une stratégie simple, claire et assumée : ne pas s’aventurer sur l’analyse économique, et alerter sur les conditions d’accueil des patients et de travail des professionnels. Une stratégie qui semble payer.
 
Elle se retrouve dans la communication du collectif, basée sur l’émotion. L’émotion de voir des patients négligés par des professionnels qui n’ont pas le temps ni les moyens de s’en occuper, mais aussi de voir des professionnels à bout. « Nous n’avons pas de compétences pour parler des restrictions budgétaires. En revanche, on peut parler des brancards cassés, de gens qui meurent. Ça, on connaît, souligne Hugo. C’est la seule manière d’éviter les écueils, et c’est en plus la manière naturelle de communiquer des soignants ».
 
« Notre stratégie de comm’ est centrée sur l’impact que peut ressentir la personne lambda, qui peut – comme ses parents, ses enfants, ses petits-enfants – se retrouver aux urgences et être impactée », ajoute Adbel, qui gère la communication sur les réseaux sociaux. « Il faut informer, c’est essentiel ! »


Manifestation à Annecy (Crédit : Inter-Urgences)

Des pessimistes au verre déjà à moitié plein

C’est sans doute d’ailleurs grâce à l’élaboration d’une stratégie réseaux sociaux performante que le mouvement a su se faire reconnaître, plus que celui des syndicats qui accompagnaient la grève. « Au début, il fallait se prostituer pour avoir les médias », rappelle Hugo.
 
Aujourd’hui, la grève fait l’actualité. Mais pas encore assez, estiment les deux leaders d’Inter-Urgences. Ils regrettent que le mouvement n’ait pas encore l’impact médiatique qu’il mérite. Non pas qu’ils pensent que leur implication mérite plus d’éloges. Mais simplement que le sujet, l’urgence de la situation, l’exigent.
 
Les deux hommes, qui semblent fatigués par des années de travail aux urgences et six mois de protestation intense prise sur leur temps libre, manquent encore de confiance sur l’issue de leur lutte. Mais même s’ils ne parviennent pas à obtenir plus que les 100 euros de prime pour les paramédicaux, ils auront au moins réussi à créer cet objet pérenne : l’association Inter-Urgences, première représentation des paramédicaux des services d’urgences.

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