Vaccination : l’Australie passe en mode énervé

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Tu te piques ou tu raques

Vaccination : l’Australie passe en mode énervé

Le gouvernement australien multiplie les décisions afin d’augmenter la couverture vaccinale. Cette fois, il s’attaque au portefeuille de ses citoyens.

En pleine épidémie de rougeole, la région Nouvelle-Aquitaine a enregistré plus de 1 000 cas depuis novembre 2017. Elle vient également de recenser son deuxième décès, annoncé par l’Agence régionale de santé. La jeune fille de 17 ans est décédée de « complications neurologiques » au CHU de Bordeaux, rapportait l’agence dans un communiqué publié le 6 juillet. C’est le troisième décès officiel de la saison.

"Arrête de répondre et fais ton vaccin"

Alors que le plan vaccination a abouti sur une extension de l’obligation à 11 vaccins en France, de l’autre côté du monde, l’Australie est un peu plus énervée contre les « anti-vax ». Avec une pédagogie un peu moins douce et à grands coups de pied bien placés, les autorités régionales et le gouvernement multiplient les actions visant à contraindre l’immunisation.

« Certaines personnes auront, sans validité scientifique, des inquiétudes sur l’immunisation. Je ne suis pas particulièrement intéressée par une argumentation qui ne s’appuie pas sur la science », avait déclaré en 2017 Susan Close, ministre de l’Éducation et du développement infantile en Australie-Méridionale. Pas d’objection de conscience ou religieuse possible. On se vaccine, c’est comme ça, point final.

"Vaccine-toi, vaccine-toi, vaccine-toi"

Dernière mesure en date : depuis le 1er juillet, les parents dont les enfants – de moins de 20 ans – ne sont pas vaccinés se verront infliger deux pénalités financières par mois, à coups de 28 dollars australiens (environ 18 euros) à chaque fois.

Tant que le ou les enfants ne sont pas à jour ou n’ont pas officiellement entamé un protocole d’immunisation, ils s’exposeront donc à une amende toutes les deux semaines, pour un total annuel de 728 dollars australiens, soit 463 euros. C’est en réalité l’adaptation d’une mesure  « No jab, no pay » (pas de piqûre, pas d’argent) votée en 2015. Elle privait jusqu’à présent les familles dont les enfants n’étaient pas vaccinés d’une allocation annuelle de 737 dollars australiens.

Apparemment, c’était bien mais un peu trop tendre. Le changement vers un prélèvement bimensuel servira de « rappel constant », a déclaré Dan Tehan, le ministre des Affaires Sociales. Un rappel tel une petite voix du gouvernement qui revient tous les 14 jours susurrer « vaccination » à l’oreille.

Les anti-vax au rapport

Les Australiens s’attaquent donc au portefeuille des anti-vax, mais pas seulement. En plus de cette mesure nationale, les États constitutifs de l’Australie ont aussi pour certains adopté une règle « No jab, no play » (pas de piqûre, pas de jeu). La Nouvelle-Galles du Sud, le Queensland et l'État du Victoria refusent ainsi les enfants non vaccinés dans les crèches, les maternelles ou les centres aérés. Les centres qui ne respectent pas l’obligation s’exposent à des amendes pouvant atteindre 30 000 dollars (près de 20 000 euros). Dans les autres États, les enfants seront simplement exclus en cas d’épidémie.

Les lobbys de l’anti-vaccinations s’adaptent, en réaction à ces décisions prises depuis 3 ans. « Nous nous organisons pour proposer des systèmes de gardes d’enfants et notre propre système d’école à domicile », a expliqué à ABC News Allona Lahn, porte-parole de la Natural immunity community, un groupe anti-vax. Une réaction intelligente et toute proportionnée.

Entre 1999 et 2017, les différentes mesures – campagnes d’information agressives, puis sanctions – ont permis de faire remonter la couverture vaccinale des enfants de 2 ans pour les vaccins recommandés de 74 à près de 94 %.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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