Une culotte qui renverse l’examen gynécologique

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Deux entrepreneuses proposent aux professionnels de santé de mettre à disposition de leurs patientes une culotte gynécoloqique qui préserve leur pudeur.

Une culotte qui renverse l’examen gynécologique

"Je dois tout enlever ? Même la culotte ?" À cette question, les soignant.e.s pourront bientôt répondre “non, madame, vous pouvez garder la culotte”. C’est en tout cas le souhait de Marie Rimbault-Joffard, qui lance la première culotte gynéco. L’idée : rendre l’examen moins intrusif pour la patiente et améliorer l’acte médical. "Quand une patiente dit être mal à l’aise avec un examen, c’est au soignant de s’adapter, pas l’inverse, explique Laurent Raguenes, gynécologue-obstétricien à Montpellier. Sauf que jusqu'à présent, nous n’avions pas de solution." Aujourd’hui, "certaines patientes tirent sur leur tee-shirt pour cacher leur pubis", ajoute Myriam Rihet, médecin généraliste sur Rennes. "C’est un peu comme pour les blouses ouvertes sur les fesses, rétorque Laurent Raguenes. On perçoit la gêne, mais on nous a appris à penser que cela n’avait aucune importance."
 

Examen médical plus apaisé

Alors, pour répondre aux attentes du corps médical et des patientes, Marie Rimbault-Joffard et Laurent Raguenes ont testé auprès des professionnel.le.s de santé, une culotte noire en coton, fendue sur six centimètres au niveau de l’entrée du vagin. Peu à peu ce projet a pris forme. Ensemble, ils ont dessiné les patrons, choisi la matière, la façon dont la culotte devait s’ouvrir et sur quelle longueur. "Pour la pose d’un dispositif intra-utérin, d'un suivi de grossesse ou pour l’insertion d’une sonde endovaginale, ça fonctionne très bien, détaille Laurent Raguenes. Le seul examen qu’il n’est pas compatible avec cette culotte, c’est l'examen vulvaire." Ce projet lancé via un financement participatif a donné naissance, en septembre, à l’entreprise Gynove. "Au-delà du respect de la pudeur des patientes, cette culotte va permettre un examen médical plus apaisé pour les soignant.e.s", raconte Myriam Rihet. "Certaines personnes ne sont pas du tout à l’aise avec leur sexe. Cela peut être de la pudeur, mais cela peut apparaître aussi après des violences sexuelles passées. Jusqu’à présent, je ne pouvais proposer que de faire l’examen en deux temps et en position à l’anglaise." Convaincue de son bien-fondé, cette gynécologue a acheté un pack de plusieurs tailles en tissu pour ses patientes. Disponibles en pré-commande, ces culottes en coton fabriquées en France, devraient arriver en novembre ou décembre dans son cabinet médical. 

Version jetable

La version jetable d'Imagyne sera, elle, commercialisée d’ici un an. À terme, Marie Rimbault-Joffard espère que ses culottes seront visibles dans les salles d’examens et présentées aux patientes. "Si l’on arrive à restaurer la confiance et à redonner ce pouvoir aux patientes, alors on aura gagné", lâche-t-elle. "Tous les retours que nous avons eus ont été positifs. Les patientes comme le corps médical racontent des rendez-vous et des examens plus détendus." Une façon apaisée de redéfinir les liens entre les patientes et les gynécologues. "On n’évalue pas la peur dans nos études, souligne Laurent Raguenes. Si cet outil peut lever une partie des craintes des femmes, cela deviendra un outil de santé publique." 
 

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