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L'immunothérapie à base de Pembrolizumab, un anticorps monoclonal, associé à une chimiothérapie permet une meilleure survie globale face à un cancer du sein triple négatif au stade précoce. Ce type de cancer, particulièrement agressif et difficile à traiter, fait l'objet d'une attention croissante dans la recherche. Les résultats de l'essai de phase 3 ont été publiés en septembre dans la revue The New England Journal of Medicine.
90 % des récidives de ce cancer triple négatif interviennent durant les cinq années suivant un traitement. Néanmoins, un premier bilan positif du traitement au Pembrolizumab avait été posé en 2022, trois ans après le début de l'essai. Cette année, au terme des cinq années de suivi, les résultats l'étude effectuée dans 21 pays était donc très attendue.
L’effet positif du Pembrolizumab sur les stades précoces de ce cancer du sein
Pour l’équipe de recherche, « ces résultats apportent un soutien supplémentaire à l'association Pembrolizumab-chimiothérapie néoadjuvante suivie d'une association Pembrolizumab-adjuvante comme traitement du cancer du sein triple négatif à haut risque et à un stade précoce » peut-on lire dans l’article.
Cet essai de phase 3 randomisé a été mené sur 181 sites dans 21 pays, impliquant 1 174 patients atteints de cancer du sein triple négatif au stade II ou III, sans traitement préalable. L'âge médian était de 48/49 ans et 99,9 % des participants étaient des femmes. Chaque patient a reçu une chimiothérapie en phase néoadjuvante, suivie d'une chirurgie en phase adjuvante. Les patients ont été répartis en deux groupes selon le traitement médicamenteux administré :
- Le groupe Pembrolizumab (784 patients) a reçu une chimiothérapie associée au Pembrolizumab durant les phases néoadjuvante et adjuvante.
- Le groupe placebo (390 patients) a été traité par chimiothérapie seule avec un placebo administré dans les deux phases.
Des résultats encourageants
Les chercheurs ont observé une amélioration significative de la survie globale chez les patients du groupe Pembrolizumab. Cinq ans après le traitement, le taux de survie globale était de 86,6 % contre 81,7 % dans le groupe placebo, avec un gain moyen de 1,2 mois. Le traitement a également réduit les récidives à distance (hors site initial) à 9,8 % dans le groupe Pembrolizumab, contre 14,4 % dans le groupe placebo.
Cependant, la neutropénie et l'anémie sont les principaux événements indésirables, de grade 3 ou supérieur, lié au traitement et survenu chez 77,1% des patients du groupe traité au Pembrolizumab contre 73,3% des patients traité avec le placebo.
Quant aux affections à médiation immunitaire, tous grades confondus, elles se produisent chez 35 % des patients sous immunothérapie contre 13,1 % de ceux sous placebo. Signalons que 13,0 % des patients traités au Pembrolizumab ont souffert d’événements immunitaires de grade 3 ou supérieur, contre 1,5 % dans l'autre groupe.
Deux décès liés à des effets immunitaires ont été signalés dans le groupe Pembrolizumab. Les chercheurs ont toutefois précisé dans l’article que « ces événements étaient généralement de faible grade et gérés avec succès par une interruption du traitement, une administration de glucocorticoïdes ou un remplacement hormonal ». Ces derniers précisent que « l'ajout de Pembrolizumab n'a pas sensiblement aggravé les effets toxiques courants liés à la chimiothérapie ».
Le Pembrolizumab sur le territoire
En France, le Pembrolizumab a reçu un renouvellement d'accès précoce par la HAS en mars 2023 pout traiter le cancer du sein triple négatif. Le traitement par anticorps monoclonal agit par blocage des récepteurs PD-1, responsables de l'inhibition de la réponse immunitaire des lymphocytes cytotoxiques. Une fois ces récepteurs bloqués, les lymphocytes peuvent reprendre leur activité cytotoxique, notamment antitumorale.
Les chercheurs suggèrent que les effets du Pembrolizumab pourraient résulter de la réduction des maladies résiduelles ou de modifications de la biologie tumorale. D'autres études en cours explorent son potentiel dans d'autres types de cancers, notamment les sarcomes des tissus mous et les cancers de la vessie et de la prostate à petites cellules.
La recherche sur le cancer triple négatif se poursuit activement, notamment en vue de sa journée mondiale le 3 mars. La molécule prometteuse capécitabine, reconnue pour ses effets positifs, n'a pas été incluse dans cet essai, car ses résultats ont été publiés après le démarrage de l'étude.
Pour aller plus loin, on vous donne quelques précisions du protocole : En phase néoadjuvante, les patients du groupe Pembrolizumab ont reçu quatre cycles de perfusion intraveineuse de Pembrolizumab (200 mg) en association avec du paclitaxel, du carboplatine, de la doxorubicine (ou épirubicine) et du cyclophosphamide. Le groupe placebo a suivi le même protocole, mais avec un placebo en lieu et place du Pembrolizumab. En phase adjuvante, les patients ont subi une chirurgie (conservation mammaire ou mastectomie avec évaluation des ganglions sentinelles ou dissection axillaire), suivie de radiothérapie si cela était indiqué. Le groupe Pembrolizumab a ensuite reçu des cycles de Pembrolizumab toutes les trois semaines pendant un maximum de neuf cycles, tandis que le groupe placebo a continué avec un placebo. |
Source:
Un article écrit sous la supervision de notre Conseillère médicale de la rédaction, Dr Cyrielle Rambaud.