Recertification : les libéraux sur la touche

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On préfère toujours être sur la feuille de match

Recertification : les libéraux sur la touche

Les deux syndicats de médecins libéraux CSMF et SML n’apprécient pas franchement d’avoir été écartés des discussions sur la recertification. Et ils ne se privent pas de le dire, même s’ils n’ont jamais été vraiment partants sur le principe.

La recertification en médecine. Le sujet pointe régulièrement le bout de son nez, comme la réactualisation du permis de conduire. Mais, comme l’avait prophétisé en 2016 Patrick Bouet président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), elle sera très clairement à l’agenda politique de l’année. Une mission créée le 21 janvier a été chargée de monter un rapport sur le sujet d’ici septembre 2018.

Mais les deux syndicats représentatifs de médecins, la CSMF et le SML, sont courroucés ! Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas été conviés à prendre part aux discussions. Et ils ont visiblement l’intention de s’inviter à la fête, quitte à passer en force.

DPC oui, recertification… pas chauds !

L’annonce faite par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur semble les avoir surpris, et un peu vexés. Les deux syndicats vont louper une soirée importante, et ça ne fait jamais plaisir.

Il faut néanmoins rappeler que l’un comme l’autre n’ont jamais été franchement en accord avec une obligation de recertification. Le SML, libéral chez les libéraux, n’aime pas trop les contraintes. « Le SML redoute que la mise en place d’un tel dispositif se traduise par la création d’obligations supplémentaires pour les médecins libéraux qui en supportent déjà de nombreuses autres », expliquait-il le 20 octobre dernier dans un communiqué.

La CSMF n’est pas non plus emballée, loin s’en faut. « La CSMF dénonce cette mesure contraignante qui ignore les efforts déjà consentis par les médecins libéraux en matière de formation et d’évaluation de leurs pratiques », avait-elle déclaré en février 2016 , après l’annonce de la proposition sur la recertification faite à la Grande conférence de santé.

Les technocrates à la manoeuvre !

Les deux syndicats s’opposent ainsi au Cnom, qui s’investit dans la question et semble vouloir l’accompagner, et à de nombreux médecins qui n’hésitent pas à exprimer leur adhésion. On pourrait leur reprocher de s’indigner de ne pas avoir été inclus dans un processus qu’ils ne soutiennent pas, mais ils soulèvent toutefois un problème : « Comment imaginer susciter l’adhésion des médecins installés dans un processus d’actualisation régulière de leurs compétences s’il n’est pas construit par et avec eux ? », interroge ainsi la CSMF dans un communiqué paru ce lundi. Il paraît en effet compliqué de réfléchir à l’intégralité du processus sans inclure les médecins libéraux, premiers concernés.

En trame de fond de cette grogne, une sélection d’invités qui appuie là où ça fait mal : sur les inimitiés réciproques ville-hôpital. Comme la CSMF, le SML s’inquiète de la « prise de contrôles des hospitalo-universitaires sur la formation continue des médecins libéraux ». En l’absence de communication sur la composition précise du comité de pilotage, « Le SML se demande pourquoi et surtout ce que l’on cherche à dissimuler aux médecins ».

L’annonce tombe mal, et le SML ne se prive pas de le faire remarquer : l’annonce des deux ministres coïncide avec la parution d’un entretien du premier Ministre dans Le Quotidien du médecin, qui assure qu’« on n’avancera pas sans les médecins ». Ça commence mal… Les deux syndicats réclament des explications et leur inclusion dans les débats.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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