Quelques centaines de grévistes seulement, hier, dans toute la France, pour l’hôpital. Pourtant ça va très mal

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En pleine crise des urgences et à quelques jours des législatives, les personnels hospitaliers se sont peu mobilisés hier pour réclamer des hausses de salaires et d'effectifs, tandis que l'exécutif attend le résultat de la "mission flash" commandée par Emmanuel Macron.

Quelques centaines de grévistes seulement, hier, dans toute la France, pour l’hôpital. Pourtant ça va très mal

Pour cette première journée d'action du second quinquennat Macron, neuf syndicats et collectifs de soignants organisaient des rassemblements dans au moins cinquante villes.

Mais la mobilisation n'a pas fait le plein, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP. Ainsi à Paris, entre 200 et 300 manifestants se sont retrouvés devant le ministère de la Santé en début d'après-midi. Dont Corinne Panot, aide-soignante venue de Méricourt (Vosges) pour rappeler "qu'au-delà des augmentations de salaires, c'est surtout des moyens humains qu'il nous faut".

Ils étaient à peu près aussi nombreux à Toulouse, où Hélène Isus, infirmière au CHU, expliquait vouloir "faire (son) travail correctement, ne pas avoir à choisir entre les patients".

Même affluence à Grenoble et à Nantes, où l'infirmier en pédopsychiatrie Ronan Tréguer s'exaspérait : "Ça fait des années que c'est le bazar et on en a marre. Nos conditions de travail sont déplorables et les patients en pâtissent".

Quelques dizaines seulement de manifestants devant le CHU de Clermont-Ferrand

"Il y a beaucoup de fatigue professionnelle, on est rappelés sur nos jours de congés", soulignait Noëlle, aide-soignante au CHU de Rennes, où une centaine de personnes ont défilé du CHU à l'agence régionale de santé.

Une centaine aussi étaient réunis devant le CHU de Lille, parmi lesquelles Elizabeth Gochat, manipulatrice en radiologie, qui constatait que "les gens sont épuisés, désabusés, énormément de professionnels quittent l'hôpital".

A Clermont-Ferrand, ils n'étaient que quelques dizaines devant le CHU. "J'aime mon métier, mais c'est dur de rester motivée car on ne peut plus le faire correctement", déplorait l'infirmière Nathalie Niort.

C'est aux urgences que le feu couve : faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte fin mai de l'association Samu-Urgences de France.

Son président, François Braun, doit d'ailleurs rendre d'ici fin juin les conclusions de la "mission flash" que lui a confiée le chef de l'Etat, qui a promis dans un entretien à la presse régionale vendredi "des décisions d'urgence dès juillet".

L'objectif, "c'est de faire remonter toutes les bonnes réponses qui peuvent se mettre en place, dès cet été", a affirmé mardi sur France Bleu la Première ministre, Elisabeth Borne

Mais pour Marine Le Pen, "cette mesure n'a qu'un seul intérêt, c'est d'enjamber l'élection législative" des 12 et 19 juin.

La méthode ne convainc pas non plus le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui juge dans une tribune dans Libération que "le temps des enquêtes est dépassé" et réclame "des négociations urgentes sur l'organisation du travail" pour remettre sur pied un hôpital "au bord du KO".

François Braun compte bien faire le tri parmi toutes les solutions qui seront proposées pour l’hôpital

Sur le terrain, le temps presse : "On risque d'être dans une situation très, très problématique cet été" et "je crains fort qu'il y ait des drames", a alerté sur RTL le chef des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis), Frédéric Adnet.

Son homologue et voisin de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, Mathias Wargon, a indiqué sur la même radio que son service tournait avec "la moitié du personnel paramédical" nécessaire et qu'il comblait "soit avec des heures supplémentaires et des primes, soit avec du personnel vacataire ou intérimaire... quand ils veulent bien venir".

Attendu au tournant, François Braun a assuré devant la commission des Affaires sociales du Sénat qu'il ne produirait "pas un rapport" mais entendait bien "rédiger l'ordonnance" attendue par les hospitaliers et "faire le tri" parmi "toutes les solutions qui sont envisagées".

Certaines sont consensuelles, comme la "reconnaissance de la pénibilité" du travail de nuit, majoré de seulement un euro de l'heure pour les infirmières, et la "valorisation des actes" effectués par les médecins libéraux de garde.

Mais d'autres idées inquiètent, comme l'obligation d'appeler le 15 pour filtrer l'accès aux urgences, mise en œuvre à Cherbourg ou à Bordeaux.

L'option a toutefois des défenseurs dans la majorité, à l'instar du député de Charente Thomas Mesnier, lui aussi urgentiste, qui a jugé nécessaire dans le Journal du dimanche de "se remettre en mode gestion de crise pour passer le cap de l'été", quitte à "recentrer" ces services "sur leur vrai métier, les urgences vitales".

Avec AFP

 

 

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