Quel avenir pour la médecine libérale ?

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Au moment crucial du choix d’exercice entre ville et hôpital, deux mondes, en tout point antagonistes, s’opposent : l’hôpital déjÀ connu qui rassure face au libéral mal connu qui inquiète.

Quel avenir pour la médecine libérale ?

Le privé recouvre autant de fantasmes que de réalités, avec autant d’a priori que de médecins. Par définition, exercent en libéral ceux qui ne pratiquent pas d’activité salariée, l’esprit libéral étant bordé par les règles ordinales.

Dans les faits, être libéral, c’est avant tout composer avec des contraintes, de formes et d’origines diverses mais constamment pesantes. Les plus nombreuses sont imposées par la Sécurité sociale – tarifs, contrôles, objectifs –, les plus inventives par l’administration, les plus étonnantes par la profession elle-même. À cela s’ajoute la déconsidération du plus grand nombre pour cet exercice.

Au final, se lancer dans le libéral aujourd’hui pourrait relever au mieux de l’inconscience, au pire de la folie.

Pour ma part, comme pour beaucoup, qui ont choisi cette activité en connaissance de cause, soigner ses concitoyens, bénéficier de leur confiance et réévaluer sans cesse ses propres compétences, apportent des arguments qui compensent les vicissitudes du système.

La raréfaction des vocations n’en reste pas moins plus que problématique.

Est-il encore possible de réconcilier les médecins libéraux et la société ?

Bien que l’état de nos finances publiques semble imposer une refonte du lien entre les libéraux et la société, comme du statut libéral lui-même, le déni d’intelligence partagé par la multiplicité des représentants des médecins libéraux et la Sécurité sociale, empêche sa réalisation.

Or la déliquescence du statut des médecins libéraux conduit à la mise en danger de l’accès aux soins pour les assurés et de l’accès à la profession pour les médecins non hospitaliers.

L’avenir libéral passe par une fronde face à la représentation ancienne et à ses codes. Il faut d’abord et avant tout forger ses propres armes, rénover la forme de l’exercice, révéler ses forces à la société.

Le refus obstiné de la transparence par les précédentes générations n’est l’aveu que d’un exercice désuet qui fait le lit de son sacrifice.

Faire valoir ses compétences, ses risques et ses résultats est la seule voie à défendre pour rendre le goût du libéral et revenir à la juste valeur de l’acte.

La transparence répond aux critères d’exigence de notre société. La pluriprofessionnalité s’impose comme son corollaire indispensable : reconnaître les compétences des autres rejaillit immanquablement sur les nôtres.

Travailler dans la transparence en équipe permet une réflexion sur ses pratiques, installe un exercice en protocole où chacun est indispensable. Le sens de l’action de tous se conjugue dans la valeur même du groupe qui assure les soins. Au final, ce n’est plus le thérapeute isolé qui témoigne des soins apportés aux patients, mais bien l’équipe.

Une notion commune à l’hôpital et écartée en ville à nos propres dépens.

Une pratique de ce type nourrit une relation contractualisée entre payeurs, contrôleurs et effecteurs. La notion d’entreprenariat libéral prend alors sens, tout en nous permettant d’assurer notre mission de service public.

Transparence et responsabilité sont les deux premières pierres de la refonte de l’édifice

libéral. Ensemble, construisons notre avenir avec intelligence.

*MOK est Médecin généraliste, auteur du blog « Panser la santé », ancien président du syndicat MG France et fondateur de l’association « Soins coordonnés ».

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