
Dr Patricia Weiler.
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L'art de l'examen pédiatrique : transformer l'angoisse en jeu
La prise en charge pédiatrique s'adapte aux spécificités de chaque cabinet du groupement Point Vision, et l'approche varie selon l'expertise et les préférences des praticiens.
« Chaque ophtalmo peut faire ce qu'il a envie de faire, donc décider d’une spécialisation appréciée ou pour laquelle la compétence est renforcée », explique le Dr Patricia Weiler. Cette flexibilité permet une répartition naturelle : certains cabinets accueillent les enfants dès la naissance, d'autres à partir de 4, 6, 10 ou 12 ans.
Patricia Weiler, dans son propre cabinet, a fait le choix de recevoir les enfants à partir de 4 ans, un seuil défini pour des raisons pratiques et pédagogiques : « À partir de 4 ans, normalement l'enfant comprend les consignes, et c’est un âge important pour dépister et traiter sans retard des défauts visuels. » L'examen ophtalmologique présente un avantage certain en pédiatrie, comme le souligne le praticien : « Les enfants redoutent deux choses, c'est qu'on les déshabille et qu'on les touche, et l'avantage de l'ophtalmologie, c'est qu'on ne fait ni l’un, ni l’autre… »
La stratégie de Patricia Weiler repose sur une approche ludique : « On peut très bien transformer la succession d’examens en petits défis. En général les enfants ne craignent pas les appareils, il faut que la curiosité et le plaisir de participer l’emporte sur la crainte. »
Cette méthode nécessite patience et formation spécialisée. « Ça s'apprend et je pense qu'il est indispensable de faire au moins un stage dans un service de pédiatrie », insiste-t-elle, rappelant l'importance de maîtriser bien évidemment les aspects techniques mais surtout la communication avec les enfants et leurs parents.
Prise en charge du strabisme : un protocole rigoureux
Le traitement du strabisme illustre parfaitement la complexité de l'ophtalmologie pédiatrique. Le protocole débute par un examen d'orthoptie pour objectiver le strabisme et éliminer les faux diagnostics parentaux.
L'examen sous cycloplégie constitue une étape cruciale : « On met des gouttes dans les trois quarts d'heure qui précèdent l'examen. L'enfant ne peut plus du tout accommoder et nous faisons une deuxième mesure de la réfraction à ce moment-là. En cas de strabisme ou d’amblyopie c’est cette dernière correction, dite totale, qui sera prescrite. »
L'évolution technologique transforme la prise en charge de certaines pathologies. Patricia Weiler évoque notamment les « verres freinateurs de myopie, une vraie révolution dans le traitement de cette anomalie. »
Cette innovation répond à l'explosion de la myopie, particulièrement visible dans les pays asiatiques, et désormais en France. Point Vision organise d’ailleurs des webinaires de formation pour sensibiliser l'ensemble du réseau à de nouveaux protocoles.
Écrans et développement oculaire : savoir démêler le vrai du faux
Sur la question controversée des écrans, Patricia Weiler apporte des nuances importantes : « Il n'y a rien de prouvé quant à une toxicité directe de l'écran sur le développement de la vision et des yeux. C’est bien plus le développement psychique qui est en danger dans un premier temps, et qui va déterminer des temps limités d’utilisation des écrans en fonction de l’âge. »
L'experte met en avant un facteur souvent négligé : « Idéalement, il faut que l'enfant soit exposé à la lumière du jour, la lumière naturelle, pendant au moins deux heures par jour en moyenne. » Le problème ne vient donc pas directement des écrans, mais du défaut d'exposition à la lumière naturelle et de l'absence d'activités nécessitant une vision de loin.
Concernant les filtres à lumière bleue, sa position est tranchée : « Les filtres à lumière bleue sont contre-indiqués chez l'enfant portant des lunettes en permanence » car ils n’ont pas d’indication médicale et privent l'enfant d'une partie du spectre lumineux nécessaire à son développement.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/jobboard-recrutement-medical/point-vision
Un plateau technique adapté mais non spécialisé
Contrairement aux idées reçues, l'ophtalmologie pédiatrique ne nécessite pas d'équipements ultra-spécialisés : « Les examens complémentaires sont assez limités. C'est plutôt de l'humain, l'examen de l'enfant. »
Les outils essentiels restent classiques : réfracteur automatique, matériel pour examen des yeux avec examen du fond d'œil, et « des petits jouets pour détendre l’enfant et attirer le regard ». La particularité est l’approche, il faut prendre du temps, parler avec l’enfant, expliquer aux parents. L'innovation réside davantage dans celle des équipements optiques prescrits, de mieux en mieux adaptés et de plus en plus performants.
L'ophtalmologie pédiatrique chez Point Vision illustre parfaitement l'évolution de la médecine moderne : alliance entre expertise technique et approche humaine, formation continue et innovation thérapeutique. Le groupement mise sur la flexibilité organisationnelle et la spécialisation progressive de ses praticiens.
Pour Patricia Weiler, l'ophtalmologie pédiatrique demeure « une spécialité très agréable » offrant « beaucoup de choix, de possibilités » et la satisfaction immédiate d'améliorer la qualité de vie des enfants et d’influencer celle de l’adulte qu’il deviendra. Une promesse d'avenir pour cette discipline essentielle au développement de l'enfant.
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