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« Il est aujourd'hui évident que les acteurs en charge de la sécurité d'Androcur – Agence de santé, laboratoires, médecins - ont failli dans la gestion des effets secondaires de ce médicament », ont écrit Me Charles Joseph-Oudin et Emmanuelle Mignaton, avocate et présidente de l'Amavea, dans un communiqué ce matin.
« L'Amavea, représentante de milliers de victimes, souhaite qu'une enquête soit menée pour déterminer les négligences commises et établir la responsabilité des acteurs impliqués », ont-ils poursuivi, demandant la désignation d'un juge d'instruction.
D'après la plainte, « à compter de 1998, des cas de méningiomes sont régulièrement déclarés aux laboratoires commercialisant l'Androcur ».
Théoriquement indiqué contre une pilosité excessive, mais prescrit pendant des décennies par de nombreux médecins bien au-delà de ces indications - par exemple contre l'endométriose -, le lien du médicament Androcur (acétate de cyprotérone) avec les méningiomes a été clairement établi en 2018.
Tumeurs des membranes entourant le cerveau, les méningiomes sont parfois qualifiées de bénignes, car elles ne sont pas susceptibles de dégénérer en cancers mortels, mais peuvent provoquer de graves handicaps neurologiques.
Mise en danger d'autrui, tromperie... Au total infractions relevées dans la plainte
Pour Me Joseph-Oudin et Mme Mignaton, « ce surrisque, identifié par le laboratoire dès 2004, a ensuite été reconnu par la firme et l'ANSM en 2008/2009. Pourtant, aucune information n'a été communiquée aux professionnels de santé prescripteurs ni aux patientes avant 2019 ».
Cette année-là seulement, « l'Autorité de santé et le Laboratoire mettent en place un plan de gestion des risques qui incluait, entre autres, la diffusion d’une information ciblée auprès des patientes sous Androcur », ont-ils critiqué.
La plainte pénale, déposée mardi, vise les infractions d'administration de substance nuisible, atteinte involontaire à l'intégrité de la personne, mise en danger d'autrui, non-signalement d'effet indésirable et tromperie aggravée.
L'ANSM n'a pas souhaité faire de commentaire « dans ce contexte ».
Le gendarme du médicament est visé depuis le printemps par des requêtes enregistrées au tribunal administratif de Montreuil, en banlieue parisienne. Cette action en justice de patientes françaises atteintes de tumeurs cérébrales après la prise du progestatif Androcur, vise à engager la responsabilité de l'État.
Les prescriptions d'Androcur ont reculé de près de 90% entre janvier 2018 et décembre 2023, selon l'ANSM. Fin novembre 2023, moins de 10 000 patientes étaient traitées par Androcur contre environ 90 000 fin 2017.
Avec AFP
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