Première mondiale : EXIT le bébé

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Il avait du mal à couper le cordon

Première mondiale : EXIT le bébé

Un hôpital de la banlieue de Denver (États-Unis) a pratiqué une intervention encore jamais réalisée : la pose d’un pacemaker ventriculaire ex-utero, intrapartum, sur un bébé souffrant d’un bloc atrio-ventriculaire complet.

Coup sur coup, les médecins du service d’obstétrique du Children’s hospital Colorado ont perdu deux nouveaux-nés, décédés entre l’accouchement et la pose d’un stimulateur cardiaque, à peine 30 minutes plus tard. Ils ont alors décidé de tenter une procédure ex-utero intrapartum (Exit) sur un nouveau-né – ou presque ? –, hors du ventre de sa mère, donc, mais toujours relié par le cordon ombilical. Une première mondiale, d’après l’hôpital américain.

« Alors que l’organisme maternel joue encore un rôle de dérivation cardio-pulmonaire, la procédure Exit permet de pratiquer des interventions foetales qui peuvent sauver des vies, tout en maintenant la circulation in-utero », a souligné le Dr Henry Galan, spécialiste en médecine foetale, qui a supervisé la procédure, et dont l’article décrivant l’opération est publié dans la revue Fetal diagnosis and therapy.

Trop faible pour attendre

Le foetus de 36 semaines souffrait d’un bloc atrio-ventriculaire complet, avec dysfonctions cardiaques et anasarque. Son rythme ventriculaire ne dépassait pas les 46 battements par minute, et les médecins de hôpital d’Aurora, ville de la banlieue de Denver, ont estimé que ses risques de survie étaient trop faibles pour tenter une pose de pacemaker standard, après la naissance.

La procédure Exit est habituellement utilisée lorsque les foetus souffrent de troubles des voies aériennes dus à des malformations, ou des tumeurs. Elle débute comme une césarienne classique. Le bébé est partiellement sorti (en principe seulement la tête, les bras et les épaules), et reste attaché au placenta.

Une procédure extensible

À Aurora, les médecins et chirurgiens présents ont posé avec succès des sondes épicardiques temporaires, avant de clamper et de couper le cordon. « Dans les faits, cette procédure a juste permis de faire gagner un peu de temps au foetus », a relativisé le Dr Bettina Cuneo, spécialiste en cardiologie foetale, et qui a co-dirigé l’opération. Elle a néanmoins servi de preuve de concept.

« Même si le choix des patients éligibles à cette procédure doit être très minutieux, cette pose de stimulateur, qui peut sauver des vies, représente une option non seulement pour les patients les plus fragiles souffrant de bloc atrio-ventriculaire complet, mais aussi pour les foetus à haut risque de mort in utero, et trop prématurés pour que nous puissions prévoir un accouchement », a ajouté le Dr Galan.

Ou pour ceux qui ont le coeur blessé et du mal à couper le cordon. C’est plus mignon, dit comme cela.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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