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Une alerte solennelle sans précédent
Le 22 octobre 2025, le Conseil national de l'Ordre des médecins a publié un communiqué au ton exceptionnellement grave. Pour l'institution ordinale, le PLFSS 2026 « ne représente pas seulement une tentative de dérive gestionnaire, il marque un tournant alarmant pour l'équilibre du système de santé français, fondé sur la confiance entre les patients-citoyens, leurs médecins et les institutions de la République ».
Le constat est sans appel : ce texte, « conçu dans l'urgence, place la maîtrise comptable au-dessus de la mission première du soin ». Une critique frontale qui témoigne de l'ampleur de l'inquiétude de la profession.
Le patient réduit à une « variable d'ajustement budgétaire »
Le CNOM dénonce avec force la place désormais accordée au patient dans ce projet de loi. « La dignité du patient, le respect de ses choix, sa singularité et sa vulnérabilité semblent absents des décisions », affirme le communiqué.
Plus grave encore : « Le citoyen-patient est réduit à un "coût" ou à une variable d'ajustement budgétaire, il n'est plus au cœur de la politique de santé. » Une formule choc qui résume la vision de l'Ordre sur ce texte législatif.
Les fondements de l'exercice médical menacés
Au-delà du patient, c'est le rôle même du médecin dans la République qui est, selon l'Ordre, remis en question. « Ce PLFSS ne se contente pas d'encadrer la dépense : il questionne la place même du médecin dans la société », souligne le communiqué.
L'institution liste les piliers de l'exercice médical qu'elle estime menacés : « Liberté de prescription, indépendance professionnelle, autonomie du diagnostic et de la décision, responsabilité clinique : ces fondements de l'exercice médical, garants d'un soin adapté à chaque patient, sont affaiblis. »
Cette mise en garde concerne tous les modes d'exercice : hospitalier, salarié et libéral, et toutes les spécialités médicales.
Un climat de suspicion dénoncé
Le CNOM pointe particulièrement du doigt « la soudaineté des annonces, leur caractère unilatéral et la violence ressentie des mesures introduites (contrôles renforcés, sanctions, suspicion généralisée) ». Ces dispositifs « rompent ce pacte implicite de respect et de loyauté » qui unit les différents acteurs du système de santé.
L'Ordre va jusqu'à mettre en garde contre un risque majeur : « En imposant des mesures coercitives, sans vision à long terme ni concertation, l'État rompt cet équilibre et expose notre Nation à un risque de fracture sanitaire et sociale. »
Quatre exigences non négociables
Face à cette situation jugée critique, le CNOM formule quatre demandes « avec force et sans détour au nom des médecins et pour une garantie aux droits des patients » :
- Recentrer le PLFSS sur l'intérêt des patients et la continuité de leur prise en charge
- Suspendre les mesures coercitives imposées sans dialogue et qui rompent la confiance
- Réaffirmer la place du médecin comme acteur de la République, non comme simple exécutant administratif
- Rétablir un cadre d'équilibre entre responsabilité médicale, financement durable et solidarité nationale
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/toutes-les-reformes-inquietantes-pour-les-medecins-proposees-dans-le-plfss-2026
Un appel au dialogue
Le communiqué se conclut par un rappel fondamental : « La santé n'est ni une simple dépense, ni une ligne comptable, c'est un investissement essentiel pour la société. »
Le CNOM « appelle à une consultation élargie et se tient prêt à contribuer à une réforme ambitieuse, respectueuse des patients comme des médecins ».