Péché n°2 : L’avidité

Article Article

n. f. Désir ardent et immodéré de quelque chose.[1]

Péché n°2 : L’avidité

Perché sur son trône, le patron qui s’ignore se fait parfois rattraper par de vils instincts matériels… Errare Patronum est !

Quand l’appât du gain fait naître la recherche du profit, la confusion peut s’installer dans les pratiques. Sur ce point le patron n’en est pas moins un homme… comme les autres.

 

Et côté remplissage des coffres, les moyens et les offres ne manquent pas dans les couloirs des services hospitalo-universitaires.

Certes, les émoluments hospitaliers de base d’un PU-PH nommé depuis 9 ans sont de 4 624 € brut/mois environ.

À quoi s’ajoutent les émoluments universitaires pour environ 4 065 € brut/mois à ancienneté égale.

Au total, nous gravitons sur une base d’environ 8 700 €/mois.

Déjà pas mal… seulement…

 

Seulement voilà, avec l’ordonnance de 1958 est né le libéral à l’hôpital public pour retenir, initialement, les fuites vers le privé. Un beau projet sur le papier… une pétaudière dans la réalité ! Face à soi-même, les menues contraintes d’application du secteur 2 Hospitalier ne suffisent pas à contenir les plus humains des patrons. On lit dans la presse que certains semblent avoir complètement perdu le sens « du tact et de la mesure » (lire Honoraires : « C’est l’or, Monseignor ! »).

Pourtant, il existe bien des limites à cet exercice en secteur 2 :

• pas plus de 2 demi-journées par semaine ;

• pas de priorisation libérale sur le public ;

• une explication claire et transparente pour les patients.

Mais l'homme est ainsi fait. Tous n'en abusent pas, mais les quelques-uns qui dérapent suffisent à attirer les foudres des assurés.

 

Et comme si ce n'était pas assez, aux prestas libérales peuvent s’ajouter d’autres opportunités, dont l’étendue est fonction de la passion, de la boulimie ou de l'avidité de chacun. Travaux d'expertise publique ou privée, consultant pour l’industrie, essais thérapeutiques de phase IV… les exemples ne manquent pas.

Bien sûr ces activités ne sont pas l'apanage des seuls patrons, mais la notoriété attire les sollicitations.

Il est ainsi plus probable d’être invité à participer quand on est en haut de l’affiche.

Là où le fric passe… l’éthique trépasse.

La question n’est pas simple. Selon nos sources dans une étude de phase IV réalisée actuellement dans l’industrie pharmaceutique, un avis consultatif défavorable de l’Ordre avait été prononcé, rapportant que la charge de travail ne justifiait pas une telle rémunération pour l’inclusion des patients.

Pourtant, on compte plusieurs patrons français parmi les investigateurs. Cherchez l’erreur ?

C’est ainsi que le CISS (Collectif interassociatif sur la santé) saluait ironiquement, dans un article de WUD [2], l’énergie du Pr Bernard Granger, un des leaders du Mouvement de défense de l’hôpital public, pour sa prise de position en faveur de l’exercice privé à l’hôpital public à l’occasion de la sortie du rapport de mission de Mme Dominique Laurent.

Le problème de l'ordonnance de 58… reste entier !

Source:

1. Le Grand Larousse Illustré 2014 © Larousse 2013
2. WUD#8, p. 37 « Doctors Up & Down »

Les gros dossiers

+ De gros dossiers