Nouvelle maison de santé dans le XXème : une gestation prolongée pour un service de qualité !

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À l'heure o`u le tiers payant généralisé fait trembler notre planète médicale, des professionnels de santé du 20e arrondissement de Paris se sont organisés pour faire de la lutte contre les inégalités d'accès aux soins leur objectif premier.

Nouvelle maison de santé dans le XXème : une gestation prolongée pour un service de qualité !

Nous avons rencontré le Dr Marie Chevillard, jeune généraliste de 35 ans, libérale associée de la toute nouvelle maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) du 391 rue des Pyrénées, dans le 20e arrondissement de Paris.

 

WUD Comment est née cette idée de maison de santé en plein Paris ? Curieux, non ?

MC Oh non, pas du tout! Installée dans le quartier depuis quelques années, j'ai réalisé que j'étais la seule jeune médecin de moins de 50 ans, et je ne voyais pas d'autres généralistes arriver… Il fallait donc envisager l'avenir pour la population locale, en répondant à leurs besoins de santé et en améliorant l'attractivité pour les jeunes confrères… une double mission donc !

 

WUD Quelles étapes ont mené à la création de cette MSP ?

MC Nous avons commencé, mon associée Dr Mady Denantes et moi, par former un pôle de santé, (association Loi 1901), avec les professionnels du territoire. Nous avons obtenu que l'ARS finance une étude de faisabilité pour notre projet permettant une analyse de l’offre de soins et des caractéristiques du bassin de population, tant sur un plan médical que social. Elle nous a permis de préparer un projet précis, adapté aux besoins locaux. C’est la clé de la réussite d’une telle aventure.

Le pôle a mis en place des comités de suivi semestriels avec les acteurs politiques du territoire (ARS, mairie de Paris, mairie du XXe arrondissement, FEMASIF, DASES, préfecture de Paris…) indispensables à l’accompagnement d’un tel projet. Nous avons finalement bénéficié du soutien de la Ville et du Conseil général. Par ailleurs nous avons contracté 100000 € de prêts personnels. Ainsi la MSP est un établissement de santé géré par la société civile de moyens (SCM), où travaillent les associés (4 médecins et 2 infirmières) mais aussi des médecins et infirmiers collaborateurs, des médecins remplaçants, des internes (qui deviennent souvent remplaçants) et des externes. Elle est fortement ancrée dans le maillage médicosocial et social.

 

WUD Combien de temps vous a-t-il fallu ?

MC Eh bien… 4 ans ! L’idée de ce projet a émergé en 2009. L’association du pôle a été créée en 2010, année où nous avons fait réaliser l’étude de faisabilité.

Nous avons trouvé les locaux fin 2012. Ce cap a été l’un des plus difficiles car nous cherchions à rester locataires, avec un bailleur social, tout en ayant besoin d’une belle surface en rez-de-chaussée avec accès handicapé… La galère!

Nous avons enfin ouvert le 2 septembre 2013 !

 

WUD Vous avez donc une SCM avec des associés médecins et infirmières… Ce n’est pas banal ça, si ?

MC Oui, en effet, une organisation d’un nouveau genre! Il n'existe pas de hiérarchie entre nous pour les décisions de gestion et d'orientation de la MSP ou encore pour sa représentation auprès des instances ou des partenaires. Nous sommes particulièrement sensibles à la pluriprofessionnalité ! Nous avons réellement matérialisé le concept de la MSP.

 

WUD Revenons sur le pôle de santé. Quels sont ses objectifs ?

MC C’est très simple. Ils sont au nombre de 5 :

1- le développement de la maison de santé est le plus conséquent mais va bientôt devenir plus secondaire… Cet objectif correspond à la recherche d’une meilleure accessibilité aux soins, en particulier, pour les populations défavorisées surreprésentées sur le territoire;

2- la création de partenariats avec les professionnels de santé, les associations, les structures et équipes sociales…

3- le développement de l'éducation thérapeutique personnalisée. Nous avons par exemple une convention avec l'association ASALEE qui nous permet d'avoir un temps d'infirmière pour de l'éducation thérapeutique dans les domaines du diabète, des troubles cognitifs, des troubles respiratoires chroniques et des facteurs cardiovasculaires;

4- la communication interprofessionnelle au sein du pôle, entre professionnels et/ou structures de soins, c'est-à-dire déterminer quels outils et quels supports techniques nous permettent d’échanger, en toute sécurité, et sans surcharger nos boîtes e-mail, sur les dossiers patients en commun;

5- la recherche, pour laquelle nous travaillons avec l'université notamment en tant que centre investigateur.

 

WUD Comment se fait l'accès aux soins à la MSP ?

MC Le patient prend rendez-vous par un secrétariat à distance. Nous espérons bientôt avoir notre propre secrétaire… Nous avons aussi quotidiennement une plage de consultations sans rendez-vous.

Nous pratiquons le tiers payant sur la partie régime obligatoire. Nous percevons les honoraires dans les 24/48h par la CPAM de Paris, qui a été très présente sur l’aspect technique lors de l’installation.

Le tiers payant est total pour les 100 %, les CMU-C et les AME. Au final, nous n’avons que quelques impayés, qui ne dépassent pas le nombre de chèques en bois!

Pour les parts complémentaires, les infirmiers de la MSP sont plus performants car ils rentrent les mutuelles des patients systématiquement dans le logiciel de télétransmission et appliquent alors le tiers payant total!

Les médecins n'en sont pas encore là. Il faut dire que la tâche administrative que cela  représente reste lourde pour l’instant… Nous utilisons beaucoup l'informatique, évidemment. Pour les CERFA, nous utilisons ameli.fr directement : arrêts de travail,  demandes de 100 %, déclarations de médecin traitant par exemple. Nous nous sommes équipés d’un logiciel efficient de gestion de dossier patient, non financé par des laboratoires pharmaceutiques, que nous contribuons à développer notamment pour l'utilisation par les professionnels paramédicaux.

Nous travaillons sur une avance nulle des frais, sur le lien avec des spécialistes en secteur 1, avec un solide réseau pour accompagner nos patients parfois en grande  précarité sociale, mais aussi médicale…

 

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