On ne meurt que deux fois

Article Article

Ciné week-end : Realive, de M. Gil (sortie le 6 juin 2018)

On ne meurt que deux fois

Un jeune trentenaire apprend qu'il souffre d'un cancer incurable. Il décide de faire cryogéniser son corps dans l'espoir que, dans le futur, sa maladie puisse être guérie, lui permettant ainsi de revenir à la vie. Plusieurs décennies plus tard, il est effectivement ramené à la vie par une équipe scientifique à la tête du "projet Lazare"...

Mateo Gil est connu pour avoir scénarisé les films de la période SF de Alejandro Amenábar. On retrouve dans son film la pertinence de ses questionnements, une intelligence au service de l'histoire, toujours au bord de l'hyperbole cependant.

A partir d'une problématique on ne peut plus actuelle - jusqu'où l'homme est-il prêt à aller pour échapper à son destin de mortel - l'histoire de Marc, jeune homme qui n'accepte pas de mourir au moment où il lui semble avoir surmonté tous les obstacles l'empêchant d'être heureux, a valeur de fable. Et nous ouvre des perspectives bien angoissantes : et si le corps pouvait être prolongé, amplifié ou régénéré, la science nous garantissant un sursis éternel, quelle serait notre vie ?

Deux aspects cohabitent plutôt intelligemment dans Realive. Le premier est la description d'un univers futuriste, où les hommes, après avoir évacué la problématique de leur encombrante fragilité émotionnelle, frein à leur volonté de dépassement et de contrôle, sont prêts à tout pour offrir à l'humanité la vie éternelle. Le second, plus intéressant, est le vécu intérieur de Marc, son parcours l'ayant conduit à accepter l'impensable, puis ses premiers jours d' "homme Lazare", revenu d'entre les morts. Mateo Gil choisit clairement de nous faire ressentir la mélancolie de son héros, celle qui l'habitait au moment de devoir dire au revoir à sa vie et qui, bien évidemment, ne pouvait être annulée par la cryogénisation. Tout n'est pas qu'une question de cellules...

Toute bonne oeuvre de science-fiction se doit de définir un cadre, exposer un enjeu - éthique, c'est encore mieux - et suivre les développements et conséquences du progrès qu'elle a choisi de décrire sans jamais se départir de la logique de celui-ci. En ce sens, Realive est un film de science-fiction honnête et réussi.

Source:

Guillaume de la Chapelle

Les gros dossiers

+ De gros dossiers