Médecins : 1 – Algorithmes : 0

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Les analyseurs de symptômes en ligne se trompent deux fois sur trois

Médecins : 1 – Algorithmes : 0

E-docteur, Docteurclic, DocForYou… Les outils en ligne qui analysent les symptômes des internautes et leur proposent une interprétation sont légion. « Pratique », pourraient se dire les patients. Sauf que dans la majorité des cas, ces sites se trompent.

C’est du moins ce que prétend une étude publiée ce mois-ci dans le « British Medical Journal » (BMJ). Des chercheurs ont passé au crible les résultats donnés dans 45 cas-types par 23 analyseurs de symptômes de langue anglaise, et leurs conclusions sont édifiantes.

Jugez plutôt : les sites Internet qu’ils ont étudiés ne pointent le diagnostic correct que dans… 34% des cas. Ce résultat, déjà inquiétant, l’est encore plus si l’on détaille les performances des outils en ligne par nature de la pathologie. Le diagnostic correct n’est en effet identifié que dans 24% des cas urgent, dans 38% des cas non-urgents et dans 40% des cas où la solution est l’auto-médication.

Voilà qui explique probablement pourquoi les analyseurs de symptômes prennent tous la peine de préciser qu’ils ne sont pas une alternative à une visite chez son praticien préféré. « Attention : cet outil ne se substitue en aucun cas à une consultation médicale. Les informations sont données exclusivement à but informatif », peut-on par exemple lire sur le site E-docteur.

Politique prudente

Heureusement, les analyseurs de symptômes sont un peu meilleurs quand il s’agit d’orienter les patients que quand il s’agit de poser un diagnostic. Ils peuvent correctement définir le professionnel que le patient doit consulter dans 57% des cas, et sont plus performants pour les cas urgents (80% de bonnes réponses) que pour les cas où l’auto-médication est suffisante (33%).

Ce résultat est (un peu) rassurant, mais il n’est probablement que la conséquence d’une politique particulièrement prudente de la part des sites étudiés par les auteurs du BMJ : quelle que soit la situation, les algorithmes envoient (presque) tout le monde chez le médecin.

Petit lot de consolation, d’après les auteurs de l’article : « Si les analyseurs de symptômes sont considérés comme une alternative à la recherche simple des symptômes dans un moteur tel que Google, alors ils sont probablement une solution préférable ».

Conclusion : les médecins ont encore un temps d’avance sur les algorithmes grand public. Mais pour combien de temps ?

Source:

Adrien Renaud

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