L’opium du peuple

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Tout de même, depuis le temps… Pourquoi nous, qui sommes si concernés, ne trouvons-nous donc pas de solution À ce tourbillon ?
N’existerait-il pas un rapport addictif entre « secteur » et « docteur » que nous aurions du mal À avouer ?

L’opium du peuple

« La vérité n’est jamais amusante à dire… Sans cela tout le monde la dirait »
Lino Ventura, Les Barbouzes

VISITE INTROSPECTIVE AU CŒUR D’UNE ADDICTION

Le produit est timidement arrivé sur le marché il y a 30 ans. Depuis qu’il est en accès libre pour tous ceux qui purgent 2 ans après l’internat, le Secteur 2 n’en finit pas d’émouvoir. Il attire comme il révulse. On lui reproche bien des effets secondaires pourtant il ne cesse de plaire.

Aujourd’hui, ce sont 40 % de spécialistes et 10 % des généralistes (16) qui prennent du Secteur 2 à l’heure où la pénalisation est en question. Le problème du Secteur 2 tient à la démesure de sa conso. Le stress, la crise, les charges… tout est bon pour justifier son augmentation. Même si les plus vieux addicts n’auraient que peu de scrupules à nous en interdire la prise, pas sûr, à leur place, que nous aurions été assez mesurés pour ne pas en abuser...

LE SHOOT
« Z’en prendrez bien un peu ? Si si, une petite soufflette pour la jeunette !
- Oui mais là quand même...
- Allez, va bien falloir le payer ce nouveau meublé ! »
Allez donc, pour quelques tafs de plus, on passerait bien du T2 au T4 avec piscine.
Si la Sécu n’paie plus, la mutuelle ou les patients pourraient en faire les frais.
Un p’tit Secteur 2 le matin, un p’tit Secteur 2 le midi, les habitudes de conso prennent vite le dessus. Mais promis, demain on arrête ! On arrête quand on veut d’ailleurs… Le Secteur 2, on finit par le trouver si banal.
Et pourtant, quand vient l’impo, v’là les grandes suées de nouveau et les douleurs musculaires du compte bancaire. Reste plus qu’à s’faire un rail de plus, quelques snifs d’honoraires tout au plus.

MAIS BON, NO STRESS !
Aujourd’hui, le Secteur 2, on l’prend en « complément », c’est plus vraiment du « dépassement ». Et pour assurer notre conso, faudra bien que la société se mette au niveau. Mais qu’on se rassure, si jamais la Sécu n’en peut plus, des assurés ou des « complémentaires », y’en a bien un qui fera l’affaire !

Et sinon, la désintox, c’est pour quand ?

 

SOURCES
16. Frédéric Van Roekeghem, directeur de l’Assurance maladie - Le monde, 25/07/2012.

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