L'humanitaire, une affaire de pros ?

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Pour certains médecins, l'humanitaire, c'est une pause exotique pendant les vacances. Pour d'autres, c'est une passion, voire une vocation. Mais est-ce que c'est un métier au fond ?

L'humanitaire, une affaire de pros ?
"Pas besoin d’être un professionnel de l’humanitaire pour partir en mission : ce qu’il faut, c’est une motivation… et quelques clés !" C’est ce qu’assure Georges Soula, épidémiologiste et coresponsable du DU "Santé humanitaire" de la faculté de Marseille. Voilà qui est encourageant pour les novices qui souhaitent partir à l’aventure. Pourtant lorsqu’on interroge les grandes associations qui envoient des médecins sur le terrain, on se rend compte qu’elles recherchent des profils bien particuliers… voire des spécialistes de l’humanitaire.

"Pour l’international, on a surtout besoin de professionnels", explique par exemple Virginie Poux, chargée de communication/recrutement chez Médecins du Monde (MdM). Normal : les besoins en médecins expatriés de cette organisation concernent surtout l’encadrement et le renforcement des compétences. Elle privilégie donc ceux qui disposent déjà d’une bonne expérience dans le domaine. Chez Médecins Sans Frontières (MSF), le discours est un peu différent. Les célèbres "French Doctors" se targuent d’appliquer les mêmes standards de qualité, partout dans le monde. Tout médecin peut donc en théorie faire l’affaire, à condition d’être bon dans son domaine et d’avoir 2 ans d’expérience (l’internat compte).

En creusant un peu, on apprend que la sélection chez MSF est devenue drastique : sur 308 dossiers de médecins étudiés en 2014, seulement 72 ont été retenus. Sachant que ces chiffres ne tiennent pas compte des innombrables candidatures que l’association a reçues, mais qui ne correspondaient pas à ses critères et qui n’ont donc même pas été prises en considération…
Conclusion : dans les grandes associations humanitaires comme à la Nouvelle Star, beaucoup de candidats, peu de gagnants ! Le jury serait intransigeant. Et comme l’humanitaire s’enseigne peu, c’est surtout la bouteille qui fait la différence. Alors, l’humanitaire est-il devenu un domaine réservé à des spécialistes ? Pas tout à fait. Les jeunes médecins sans expérience humanitaire ont tout de même des opportunités pour décrocher un premier contrat dans une grande ONG. La plus évidente reste de proposer une spécialité très demandée : aux RH de MSF, on cite comme particulièrement critiques le recrutement dans les disciplines comme l’urgence, la chirurgie, l’anesthésie, la pédiatrie, la gynécologie… À bon entendeur…
Une autre option consiste à suivre un DU spécialisé. Ceux sur la sant. humanitaire sont-ils nécessaires ? Les avis sont partagés. Le Pr Bernard Blettery, responsable du DU d'action humanitaire de la faculté de Dijon, plaide pour sa paroisse : "C’est fortement recommand". Pascale van den Ostende, référente médicale chez MSF, reconnait quant à elle que ce genre de formation peut apporter une certaine dose de culture générale, mais conseille plutôt les DU en médecine parasitaire ou tropicale…

En dehors de cela, chez MSF comme chez MdM, ce sont les mêmes qualités que l’on plébiscite pour maximiser ses chances d’obtenir un poste : adaptabilité, maîtrise des langues étrangères, rigueur, capacité à travailler en équipe mais aussi en autonomie… Un peu comme pour n’importe quel job, finalement, mais pas nécessairement habituel en médecine !

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