Les vraies raisons du clash

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La parole est À la défense

Les vraies raisons du clash

« Votre honneur, je vais tenter de vous démontrer que dans l’Affaire de dépassement qui nous préoccupe, l’excès de vitesse présumé n’est nullement en cause ».

Regardez les faits, rien que les faits, voulez-vous ?

Certes, les dépassements d’honoraires ont augmenté : ils sont passés en 5 ans de 2 à 2,4 milliards d’euros, soit une hausse de 4 % par an. Si l’on tient compte de l’augmentation du nombre de médecins sur cette période, et que l’on rapporte le tout à l’augmentation du coût de la vie, que reste-t-il de cette supposée perte de contrôle ?
Et on nous parle de frein à l’accessibilité aux soins ? Excès de vitesse ou frein ? Il faut savoir…

Enfin, soyons sérieux. Il reste encore en France 60 % de spécialistes et 90 % de généralistes en secteur 1. Ne généralisons donc pas. Un rapport d’enquête 15 atteste d’ailleurs que seuls 3 % des Français ont déjà renoncé à des soins primaires pour raison financière, et on peut se demander si le coupable n’est pas plutôt l’avance de frais.
Je crois surtout, Votre Honneur, que les plaignants redoutent à tort de voir s’instaurer une médecine à deux vitesses. Il ne serait bientôt plus possible d’avoir accès aux meilleurs soins. Mais je vous pose la question : un bon médecin est-il un médecin qui fait payer plus cher ?
Permettez-moi d’en douter.

Certes, il existe par-ci par-là, notamment à Paris, des situations dont on peut comprendre qu’elles puissent choquer. Mais de là à stigmatiser toute la population de docteurs... Allons, allons...
Mais au fait : à qui profite le crime ?

Qui paye aujourd’hui les dépassements dans la grande majorité des cas ? Les cliniques parfois, mais les mutuelles surtout. Alors même qu’elles ont augmenté leurs cotisations pour faire face à ces dépenses nouvelles, les voilà qui demandent maintenant à réduire les prestations. En échange d’une baisse des prix pour les usagers ? Pas sûr...
Mais que fait la police ?
En l’occurrence, les pouvoirs publics surjouent la stigmatisation des confrères en secteur 2 pour détourner les yeux du vrai débat de fond, qui est celui du financement des soins dans un contexte de prestations toujours plus denses.

Mais ceci est une autre histoire...
et je suis prêt à parier que dans ce procès-là, les médecins se porteraient partie civile !

 

SOURCES
15. Enquête URPS Languedoc-Roussillon, 2011.

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