Les médecins syriens tirent la sonnette d’alarme

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La situation sanitaire du pays est catastrophique

Les médecins syriens tirent la sonnette d’alarme

Une association de médecins syriens expatriés organisait mercredi dernier une conférence à l’Hôtel de Ville de Paris pour alerter sur la situation sanitaire de leur pays. Les praticiens sont de plus en plus rares à exercer sous les bombes, entrainant un accès aux soins limité voire inexistant pour les populations de ces zones.

 

En cinq années de conflit, le système de santé syrien s’est effondré. Plus de 90% des médecins ont quitté la Syrie, et le pays perd un cadre médical par jour : départ à l’étranger, arrestation, mort, handicap… Lors d’une conférence organisée mercredi dernier à l’Hôtel de Ville de Paris, c’est une véritable catastrophe humanitaire qu’ont décrite les médecins syriens expatriés de l’Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM) ainsi que leurs invités exerçant encore dans le pays.

Les chiffres qu’ils avancent sont terribles. Dans les zones qui ne sont ni contrôlées par le gouvernement syrien ni par Daech, et dans lesquelles intervient l’UOSSM, 11,5 des 13 millions d’habitants ont besoin de soins, et seulement 8% des hôpitaux sont fonctionnels. L’espérance de vie est passée de 75 ans avant la guerre à 56 ans aujourd’hui.

Un système de santé déficient… déjà avant la guerre

Avant le début de la guerre, la Syrie avait un système de santé équivalent à celui de nombreux autres pays en voie de développement. Or, depuis 2011, nous assistons à « la plus grande catastrophe humanitaire depuis la seconde guerre mondiale », s’insurge le Pr Raphaël Pitti, médecin militaire français et professeur de médecine de guerre qui intervenait lors de la conférence.

« Il y a un effondrement de l’organisation sanitaire et des soins », ajoute-il : les eaux sont polluées, il n’y a plus de vaccination, plus de lutte contre les vecteurs… En y ajoutant les blessures de guerre, la dénutrition, les violences aux femmes, les attaques chimiques, les maladies infectieuses, « le désastre médical est total, et sans précédent », témoigne le Dr Mohammed Zahid, de l’ONG Physician’s Across Continent.

Depuis le début du conflit, pour faire face à la fuite des personnels soignants, des étudiants et des volontaires ont été formé sur le tas. Un médecin syrien  cite une femme de ménage devenue infirmière, des infirmières devenues sages-femmes pour combler les besoins. « Le niveau médical se dégrade d’année en année », explique Raphaël Pitti.

« Si on ne change rien, on va perdre tout le système de santé »

L’UOSSM estime que plus de 8 milliards de dollars sont nécessaires pour reconstruire tout le système de santé. « Il faut des cadres médicaux, mais aussi administratifs », explique Mohamed Zahid. Selon lui, « une des urgences principales est la reconstruction du système de l’enseignement médical ».

Les médecins syriens demandent aussi et surtout l’arrêt des bombardements. « Si on ne change rien, on va perdre tout le système de santé », alerte un médecin syrien. « La réponse de la communauté internationale se focalise sur des problèmes géostratégiques et sur le terrorisme, et la tragédie humanitaire est abandonnée », s’indigne Raphaël Pitti.

A défaut de prise de conscience des dirigeants internationaux sur la question, l’UOSSM tente d’alerter l’opinion publique sur la tragédie.

Source:

Cécile Lienhard

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