Les jeux font la perte

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Ciné week-end : Joueurs, de M. Monge (sortie le 4 juillet 2018)

Les jeux font la perte

En rencontrant Abel, Ella ne se doute pas qu'elle va subir deux coups de foudre : pour cet individu intrigant à l'audace folle, mais aussi pour l'univers du jeu clandestin, auquel il l'initie... Une descente aux enfers racontée avec style et servie par une paire d'acteurs qui rafle la mise.

Il y a toute une noblesse, toute une ambition à vouloir réaliser un film classique : dans sa narration, dans ses thèmes, Joueurs se révèle être un film élégant, au ton juste. Un film d'acteurs et de mise en scène. Qui rappelle la meilleure période de Jacques Audiard, celle de Sur mes lèvres et De battre mon coeur s'est arrêté. En contant le destin de cette petite frappe qui ne bluffe plus personne et de cette jeune fille éprise de liberté dont on ne sait réellement si elle est dupe ou si elle a bien lu dans le jeu de celui-ci, Marie Monge abat ses cartes avec une belle maîtrise. Et ce n'est pas que la chance de la débutante...

Surtout, le film montre bien à quel point les jeux de hasard et d'argent ont une dimension addictive, qui dépasse le simple espoir de se refaire pour côtoyer l'ordalie, ce défi lancé à la vie et à l'autorité afin d'espérer se sentir un peu vivant. Voir Tahar Rahim passer du feu follet séducteur à l'épave éteinte de l'intérieur en l'espace de deux scènes nous rappelle à quel point il reste un excellent acteur quand il est bien dirigé. Quant à la jeune Stacy Martin, elle prête à Ella le mystère de son jeu légèrement compassé.

Jeu compulsif, addiction à la vitesse, dépendance amoureuse... Joueurs est un film de pulsions entremêlées, qui pourtant ne dérape jamais... c'est aussi ce qui en fait sa limite.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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